La journée partait bien…
Il avait plu durant la nuit mais au moment de prendre la route il ne pleuvait plus.
Il faisait même bon.
C’est donc en maillot manches courtes et sans ma veste Goretex que je quittais Tralee ce matin.
La journée partait bien…
Peu à peu le ciel se dégageait, la température montait.
La journée partait bien…
C’est dimanche, il fait beau, il y a plein de cyclistes.
L’un d’eux, m’ayant vu prendre des photos me rattrape et me dit :
« Je crois qu’on va avoir une belle journée ».
Peu après une sportive me double à vélo et me dit dans un français quasi parfait :
« Bonne chance pour la journée ».
La journée partait vraiment bien…
Pour rejoindre Dingle, haut lieu du tourisme en Irlande, il fallait franchir un col…
6 km à 7,7%
Sur une route tellement étroite que les voitures ne peuvent s’y croiser.
J’en ai vu une faire une longue marche arrière pour laisser passer celle venant en face.
Je prends mon rythme et grimpe tranquillement, sans problème.
Autant il faisait beau en bas, autant l’ascension se fait dans le brouillard puis le crachin…
Arrivé au col, d’où on est supposé avoir une superbe vue… on ne voit que le panneau !
Inutile de s’attarder, j’enfile ma veste et plonge sur Dingle…
Plonge… c’est le mot !
Car côté Dingle ce n’est plus du crachin !
C’est un véritable déluge !
En quelques instants je suis trempé comme si j’avais plongé tout habillé dans le grand bain !
Des bourrasques de vent me secouent comme un prunier.
Je suis obligé de garder les freins serrés pour ne pas prendre trop de vitesse sous cette flotte.
En arrivant sur Dingle je suis trempé et gelé !
Pourtant, la journée partait bien…
Voyant un Lidl, je m’y arrête brièvement pour quelques emplettes.
Dingle, cité multicolore est grise du sol au plafond (bien bas)…
Les touristes engoncés dans leurs vêtements de pluie…
De Dingle nous devons faire une boucle de 42 kilomètres dans la presqu’île attenante.
C’est sous une pluie battante que j’entame cette boucle.
Sans cesse je croise des cars de touristes…
Dingue qu’ils aient le droit de circuler sur de si petites routes…
Je plein ces pauvres gens qui ne doivent pas voir plus loin que leur vitre trempée…
Je suis obligé de serrer régulièrement à gauche pour laisser passer un de ces cars ou une voiture cherchant à me doubler…
Il ne me reste plus qu’une petite quinzaine de kilomètres à faire pour boucler la boucle lorsque… crevaison à l’arrière !
Sous le déluge et sur une petite route en corniche assez large pour une voiture et en plein vent…
Et pourtant, la journée partait bien…
Je poursuis un peu à pied pour me dégager de cet endroit en espérant trouver un emplacement abrité pour pouvoir réparer.
Un cycliste venant dans l’autre sens me confirme la présence d’habitation à 1500 mètres environ.
J’y arrive. Je demande l’autorisation d’utiliser leur jardin pour réparer.
Pas de problème.
Un petit curieux viendra même s’intéresser à mon velo malade…
Les mains détrempées par des heures de pluie me voilà donc en train de changer ma chambre à air.
Je contrôle plutôt trois fois qu’une mon pneu avant de mettre la nouvelle chambre.
Réparation faite je reprends ma boucle et revient à Dingle.
J’avais prévu de faire encore 70 kilomètres.
La suite du parcours étant certes touristique mais néanmoins plutôt désertique, je me dis que ce serait bien de me procurer une nouvelle chambre à air (j’en ai une, mais je préfère en avoir une deuxième au cas où…).
Le loueur de vélo ne vend pas de pièces de rechange et de toute façon ses vélos n’ont pas les mêmes roues que moi…
On m’indique l’adresse du « Local Bike Shop » (velociste).
J’y vais.
Le magasin est mimi… mais c’est le seul de Dingle qui soit fermé…
Je me fais une raison, tant pis je repartirai avec une seule chambre de rechange.
Il me faut toutefois trouver un distributeur de billets avant de lever le camp définitivement…
Ah ouais ?
C’est la que je m’aperçois que j’ai à nouveau crevé !
Peu de chance que ce soit quelque de resté dans le pneu, j’avais bien vérifié et ça a tenu 18 kilomètres.
En désespoir de cause, je retourne chez le loueur de vélos…
Faut dire que le gars n’est pas un grand jovial…
Je dois réussir malgré tout à l’apitoyer car il me dit de passer derrière à son atelier…
Toujours aussi peu avenant il fouille dans son bazar et trouve une chambre à air neuve de la bonne taille…
Il veut bien me la vendre.
Je commence à installer cette nouvelle chambre et il me demande l’ancienne.
Le voilà qui entreprend de la réparer !
Sa première tentative échoue… la rustine ne tient pas…
Je lui suggère que c’est peut-être parce que la chambre est mouillée…
Je continue de mon côté à remonter ma roue.
Finalement sa réparation à l’air de tenir… ça me fera une chambre de secours me dit-il.
Il est temps de me remettre en route.
Beaucoup de temps et d’énergie de perdu.
Initialement je comptais faire encore 70 kilomètres après Dingle.
Trouvant un B&B sur ma route après 44 kilomètres, alors qu’il pleut à nouveau, je ne prends pas le risque de devoir bivouaquer trempé et plein de cambouis et m’arrête là.
Dommage, la journée partait pour être vraiment bonne !
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