En 1985 on ne parlait pas encore de VTT.
L’engin n’avait pas encore pris la place qu’il occupe de nos jour sur le marché du cycle et l’appellation américaine « Mountain bike » prévalait.
Remarquons d’ailleurs qu’à l’origine il n’est pas question de « tout terrain » mais, mot à mot, de « vélo de montagne ».
Possédant à cette époque un vélo de course Peugeot, je me souviens être allé voir un marchand de cycles de cette marque.
La brave dame venue me renseigner, n’ayant visiblement jamais fait d’anglais, se mit à me parler de « montin bique ». En clair, elle prononçait ça comme si c’était du français !
Je ne vous cache pas qu’il me fallut un instant de réflexion pour comprendre de quoi elle me parlait…
Je recherchais en fait un vélo costaud, apte à rouler chargé sur des routes en mauvais état voire des pistes.
Mon objectif, après un tour de France réalisé cet été là, était de rejoindre Cap Nord, le point le plus septentrional de l’Europe, 1200 kilomètres au nord du cercle polaire arctique. En partant de la presqu’île de Crozon (Finistère).
Ne trouvant pas mon bonheur dans l’offre commerciale de l’époque je décidais de m’en faire construire un sur mesure (je mesure plus d’1,90 m).
Comme base d’inspiration j’avais des photos d’un projet de Mercier, jamais commercialisé, d’un vélo « spécial tour du monde ».
Le cadre, en acier, a été conçu pour des gros pneus, des porte-bagages avant et arrière, un support de dynamo, une garde au sol surélevée… et solide !
Le guidon, près de 70 centimètres de large, ressemblait plus à celui d’une moto qu’à celui d’un vélo !
En 1985, je ne passais pas inaperçu avec cet engin. À Göteborg, en Suède, il y avait même un gars qui voulait absolument savoir où je l’avais fait faire pour se faire faire le même…
Raid vélo de Crozon (Finistère) au Cap Nord (Laponie), 1986 | |
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Vélo cadre acier sur mesure, 24 vitesses, autonomie complète, 7 pays, 5500 kilomètres en 39 étapes |
28 ans plus tard, toujours en possession de ce vélo à peine modifié, je l’utilisais toujours pour des balades hivernales et/ou hors des sentiers battus.
Comme ici à Ouessant :
ou ici, à marée basse à Brignogan-Plage :
Pour les épreuves de longues distances j’utilise le vélo en titane (SEVEN – USA) que j’ai fait faire en 2008 :
Équipé en Shimano Dura-Ace tripe (30-39-52 x 12-27) ce vélo répond à merveille à la plupart des situations (sur route s’entend).
Cela dit, le plus petit développement (30 x 27), s’il permet de s’attaquer sans problème à la montagne, finit par paraitre encore trop long lorsqu’il s’agit d’enchainer des cols à raison de plus de 300 kilomètres par jour, plusieurs jours durant…
Monter « en danseuse » ça va un moment, mais lorsque la fatigue s’installe je préfère rester sur ma selle et mouliner « en attendant que ça passe »…
Plutôt que de modifier ce vélo dont je suis très satisfait, j’ai pensé monter un deuxième vélo adapté à des usages très particuliers.
Pour se faire j’ai récupéré le cadre sur mesure de mon bon vieux « mountain bike ».
Il n’est plus question de transporter quantité de bagages mais d’avoir un engin adapté à la montagne, quel que soit le temps et totalement autonome évidemment.
Puisqu’il était nécessaire de repeindre le cadre, autant en profiter pour le modifier.
Les freins d’origine étaient de type « cantilever », totalement inefficaces sous forte pluie, comme tous les freins sur jante.
J’ai donc décidé de monter des freins hydrauliques à disques ce qui impliquait de souder des supports adaptés sur le cadre.
J’ai donc été trouver Daniel Salmon, ancien coureur professionnel et artisan cadreur installé en Bretagne, à Plouha dans les Côtes d’Armor.
Après démontage, sablage et passage au marbre, cadre et fourche ont été équipés des supports et renforts pour freinage à disque.
Les anciens supports de freins cantilever et de dynamo latérale ont été retirés puis le tout a été repeint.
J’ai choisi d’équiper ce vélo avec le groupe Shimano XT (groupe pour VTT) en version triple : 26-36-48 x 11-36.
Les freins à disques :
Le choix d’un groupe pour VTT impliquait des commandes adaptées et donc l’impossibilité d’utiliser un cintre type « course ».
Souhaitant un guidon moins large que le précédent (69 cm !) et offrant la possibilité de changer de position j’ai trouvé chez Gilles Berthoud ce modèle :
Voilà ce qu’il donne une fois monté :
La potence est un modèle réglable de chez ITM :
Pour la selle je reste fidèle à Brooks. J’ai monté celle qui était sur mon course Peugeot de Paris-Brest-Paris 2007 (vélo que j’ai scié pour en faire… non ! ce sera pour une autre fois !). Il s’agit du modèle Brooks Professional (sur mon titane j’ai une Brooks Swallow)
Pour les jantes j’ai choisi des jantes de cyclocross, Mavic XC 717 Disc pouvant accepter des pneus de 1″ (=25 mm) à 2,1″ :
Concernant les pneus justement, pour l’instant j’ai remonté les Schwalbe Marathon Plus Tour en 2″ de large… Ces pneus sont increvables mais ils pèsent plus d’un kilo pièce !
Je les laisse pour l’hiver breton et les routes gadouilleuses. Ensuite je pense monter des Schwalbe Durano en 28 mm.
J’ai préféré conserver les garde-boue. L’autocollant des Diagonales de France s’accorde bien aux couleurs du vélo.
Afin d’être autonome, pour le moyeu avant j’ai choisi une dynamo SON 28 Disc :
Sur mon vélo titane j’ai un moyeu dynamo SON Edelux. Le modèle « SON 28 » est un peu plus lourd que le modèle « Edelux » mais il donne sa puissance max à une vitesse inférieure, ce qui me parait important pour ce vélo.
Pour l’éclairage je reste fidèle au modèle Schmidt Edelux :
Et, enfin (!), la photo d’ensemble :
Ce vélo n’est pas un vélo tout terrain mais il a été conçu pour grimper (plus petit développement : 26 x 36 !). C’est donc bien un Mountain Bike.
La traduction littérale, « Vélo de Montagne », pourrait être utilisée (mais PAS l’acronyme VDM !)
Comme j’ai choisi un look jaune et noir et que j’ai l’intention d’aller butiner les cols je préfère l’appeler Mountain Bee (abeille des montagnes) !
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