Au travers d’une série d’articles je vous ai raconté l’histoire de l’invention de la draisienne :
- L’éruption du Tambora et ses conséquences inattendues
- Demande de brevet d’importation du « Vélocipède »
- Accord pour un brevet d’importation du « Vélocipède »
Évolution du Vélocipède vers le « Vélocipède à pédale »
La draisienne a connu un engouement certain dès ses débuts. C’était l’engin « hyper-branché » de l’époque…
Puis… elle a fini par être enterrée par deux innovations majeures :
- l’invention des pédales (Pierre Michaux, 1860)
d’abord de simples « manivelles » montées sur l’axe de la roue avant.
Ce rapport 1/1 (un tour de manivelle = un tour de roue) a conduit à l’augmentation démesurée de la roue avant, c’est à dire au « grand-bi ». - la transmission par chaîne (John K. Starley, 1884 : « bicyclette de sécurité » )
grâce à celle-ci la roue arrière a pu devenir motrice (séparant ainsi propulsion et direction) et la roue avant retrouver une taille raisonnable !
En n’étant plus assis perché très en avant, le cycliste évitait de « faire un soleil » (passer par dessus le guidon). D’où le nom de « bicyclette de sécurité » (Safety bicycle).
Ce nouvel engin pourvu de ces deux innovations fondamentales a naturellement été nommé « vélocipède à pédale », puis vélo tout court.
Et la draisienne est tombée en totale désuétude…
Il y aurait beaucoup à raconter sur le passage de la draisienne au vélo tel que nous le connaissons…
Mais mon intention n’est pas de vous refaire toute l’histoire du vélo.
Du moins pas pour l’instant !
Restons sur la draisienne !
La draisienne « historique » a disparu beaucoup trop tôt dans l’histoire.
S’il existe de nombreuses illustrations de l’engin et de ses pratiquants, on ne connait pas de photographies ou films d’époque. Même sur la fin de celle-ci.
Cependant la draisienne a connu quelques résurgences dans différentes situations…
1923 : « Our Hospitality », un film de (et avec) Buster Keaton
Pour ce film muet de 1923 Buster Keaton a fait reproduire une draisienne selon des plans d’époque.
1949 : Le tour de France en draisienne d’Othon PLAUTZ
En 1949, Othon Plautz, marchand de cycle à Strasbourg, entreprend un tour de France sur une copie exacte de draisienne de 1817.
Voici comment Plautz expliquait à un journaliste qui l’interrogeait comment il décida de se lancer dans ce périple :
« C’était dans un restaurant de Strasbourg lors du passage du Tour de France cycliste, quand le restaurateur dit :
– Pas un Alsacien n’est capable de faire partie des coureurs du Tour de France.
C’est alors que je me lève et lui réponds :
– Je le ferai le Tour de France, même en draisienne s’il le faut. »
On le prit au mot et le restaurateur de lui répondre :
« Mon cher Othon je crois que tu es un peu fou et tu exagères. Pour un tel exploit je te fais le pari d’un million si tu arrives à faire le tour de France sur une draisienne. »
Plautz est parti de Strasbourg le 14 septembre 1949.
Il disposait de 10 mois pour boucler son tour.
Il faisait en moyenne 50 kilomètres par jour.
Il était suivi en vélocar (voiture à pédale) par son contrôleur et manager.
1997 : Le retour de la draisienne… pour les enfants
Alors que la draisienne avait totalement disparu de la circulation, la société allemande Kokua lance en 1997 un modèle spécialement conçu pour les jeunes enfants.
Depuis l’idée a largement été reprise par de nombreuses sociétés.
Commencer par la draisienne est en effet particulièrement judicieux.
À tout juste deux ans, un enfant peut sans problème se déplacer sur cet engin.
Plus facilement même qu’en marchant.
Ce faisant il va progressivement et sans effort acquérir l’équilibre sur deux roues.
Quelques mois plus tard il n’aura aucun mal à passer au « vrai » vélo.
Commencer par un vélo doté de « petites roues » (ou « roulettes ») latérales est particulièrement stupide.
C’est apprendre à pédaler (ce qui est très simple) sans avoir l’équilibre.
Le jour où l’on enlève les petites roues… le plus dur reste à faire.
Commencer par la draisienne permet de faire les choses dans l’ordre.
Remarquons que « draisienne » se dit « balance bike » en anglais. Soit « vélo d’équilibre »…
2017, le bicentenaire : Nancy – Karlsruhe en draisienne
Pour fêter le bicentenaire de la draisienne, une bande de joyeux drilles a effectué le parcours Nancy – Karlsruhe sur des répliques de draisiennes et en costumes d’époque.
(Nancy est la ville française jumelée avec Karlsruhe).
À suivre !
Notez toutefois que cet article est publié exactement 201 ans après le premier trajet en « Laufmaschine » de Karl Friedrich Drais (le 12 juin 1817) !
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