Il était une fois dans l’Ouest

Après avoir raté (de peu semble-t-il) un groupe de Diagonalistes avant-hier, j’ai le choix aujourd’hui.

En effet, deux départs sont prévus à 04h00 du matin, et une arrivée pour 17h30.

Il s’agit de miser sur le bon cheval si je ne veux pas rentrer une fois de plus bredouille…

À 04h00 partent, d’un côté le groupe que j’ai raté il y a deux jours (même s’il semble ne rester plus que trois gaillards sur les six) et de l’autre, Gilles de Landivisiau.

Je connais Gilles car il m’avait contacté l’année dernière via cyclo-long-cours pour obtenir quelques renseignements sur les Diagonales. Du coup je lui avais proposé de venir assister à la réunion annuelle des Diagonalistes, à Cléguérec.
C’est en consultant les feuilles de route transmises par l’ADF (Amicale des Diagonalistes de France) que j’avais vu que Gilles avait décidé de passer à la pratique avec une première Diagonale, à savoir Brest-Perpignan.
Je me dis « tu lui as mis le pied à l’étrier, ce serait sympa d’aller encourager ton poulain pour son premier départ ».
Oui mais… 04h00 du mat’ au commissariat de Brest, faut que je me lève à 02h30 au plus tard… et 02h30, c’est plutôt l’heure à laquelle je me couche…
« Eh ben, comme ça, vous n’aurez même pas à vous l’ver ! » aurait dit Coluche…
Ouais… mais finalement, tant pis. Même si les Diagonales c’est mon dada, « faut pas être bourrin non plus ! »

Je vais aller à la rencontre de celui qui arrive de Menton dans l’après-midi !
Je regarde bien sa feuille de route. Il arrive par le Roc’h Trévézel puis passe par Sizun (15h22), Landerneau (16h13), Guipavas (16h53) puis Brest à 17h30.
Il se prénomme Frédéric.

Pour ne pas le manquer je décide de partir bien en avance.
J’avale ma ration de nouilles et bois mon café tout en m’équipant.
J’enfile ma casaque jaune de Diagonaliste, sort mon destrier et, hop, en selle !

Je suis à Landerneau avec plus d’une heure et demie d’avance sur le programme de Frédéric.
À partir de maintenant il ne peut plus m’échapper. S’il reste sur sa route prévue, d’ici Sizun, ou au pire le Roc’h Trévézel s’il a du retard, je ne peux pas le manquer…

Quelques kilomètres après Le Queff, un semi-remorque arrivant en face fait signe avec insistance aux voitures de ralentir.
Cela semble beaucoup plus impérieux (il roule au ralenti) que si c’était un simple affut de gendarmes…
J’aperçois des voitures arrêtées à un carrefour. « Un accident ? » me dis-je.
Non, ce n’est pas ça, les voitures sont intactes. Celles devant moi roulent au pas.
J’aperçois un type chargé de cordes qui monte dans un véhicule. « Quelqu’un aurait-il éparpillé son chargement sur la route ? »

Lorsque, enfin, j’aperçois les raisons de tout ceci.
Il faut dire que j’ai remonté tout le monde à la corde et que je viens de passer le dernier virage en tête :

30 mai 2013 : Des chevaux sur la route ! ©cyclo-long-cours.fr

Un poulain et sa mère se sont fait la belle et gambadent affolés sur la route au milieu des voitures…

30 mai 2013 : Des chevaux sur la route ! ©cyclo-long-cours.fr

30 mai 2013 : Des chevaux sur la route ! ©cyclo-long-cours.fr

Lorsque arrive une camionnette, à fond de train, qui double les canassons et se gare en travers de la route !
En sortent deux types. L’éleveur je suppose, et son aide.
Il vont tenter de capturer la mère…

30 mai 2013 : Des chevaux sur la route ! ©cyclo-long-cours.fr

Oui, mais celle-ci ne l’entend pas de cette oreille…

30 mai 2013 : Des chevaux sur la route ! ©cyclo-long-cours.fr

Les deux gars lui sautent au cou et tentent de la maintenir.
Elle envoie balader tout le monde dans le fossé et décide… de repartir dans l’autre sens !
Le gamin collé au basques.

30 mai 2013 : Des chevaux sur la route ! ©cyclo-long-cours.fr

Les voitures faisant demi-tour moins facilement qu’un cheval, les fuyards prennent de l’avance.
Me disant que mon Diagonaliste devait de toute façon passer par là, je décide de faire moi aussi demi-tour et de filer les quadrupèdes.

Mon intention : obliger les voitures venant de derrière à ralentir et, à la première occasion essayer de bloquer le petit. Je me dis que la mère s’arrêtera du coup.

Le proprio arrive à redoubler le groupe. Il s’arrête et descend en parlant gentiment à la jument pour essayer de la calmer.
J’ai déposé mon vélo dans l’herbe me place devant le poulain apeuré pour l’empêcher de partir de son côté.

30 mai 2013 : Des chevaux sur la route ! ©cyclo-long-cours.fr

Finalement ils arrivent à passer son licol à la mère qui du coup les suit gentiment, son petit collé à elle.

L’éleveur me remercie.
Tout se termine bien. Vu la circulation sur cette route, j’imagine la boucherie que cela aurait pu être…
(Il y a quelques années, il y avait eu un mort sur cette route dans des circonstances similaires).

Bon, c’est pas le tout mais j’ai un Diagonaliste qui est en retard !
Je refais demi-tour et me rends à Sizun. Rien.
Je poursuis jusqu’au Roc’h Trévézel.
Comme vous pouvez le voir, le ciel n’est plus le même…

30 mai 2013 : Le Roc'h Trévézel ©cyclo-long-cours.fr

Passé le col, alors que je procède à « une petite pause technique », j’aperçois un signe cabalistique qui m’incite à rentrer…

30 mai 2013 : Le Roc'h Trévézel ©cyclo-long-cours.fr

Les Monts d’Arrée, vue sur le lac de Brennilis (au loin) :

30 mai 2013 : Le Roc'h Trévézel ©cyclo-long-cours.fr

Redescente du col :

30 mai 2013 : Le Roc'h Trévézel ©cyclo-long-cours.fr

Au loin l’église de Commana :

En redescendant du Roc’h Trévézel on passe devant la Maison de la Rivière – Moulins de Kerouat (Écomusée).
Alors que j’en approche je vois une voiture se garer sur le bord de la route et un jeune homme en descendre…
Rapidement je comprends ce qui s’est passé : il vient de repartir de l’Écomusée en laissant son classeur sur le toit de sa voiture… la route est jonchée de feuilles et le vent s’amuse comme un fou…
Bon là, je ne m’arrête pas. Après tout, ce n’est pas la mort du petit cheval !

Bilan : 80 kilomètres.
Une belle balade, des anecdotes, des émotions mais… toujours pas de Diagonaliste !
(En redescendant j’ai attendu quelques minutes à Sizun pour n’en repartir que deux heures après l’heure prévue de passage de Frédéric).
Avec la météo sur la France en ce moment peut-être a-t-il d’ailleurs abandonné en chemin en oubliant de prévenir ?
Peut-être était-il très en avance… ou très en retard sur son planning ? De toute façon il avait jusqu’à 23 heures pour valider sa Diagonales.
Au bout de 1400 km (Menton-Brest) par cette météo, on ne peut pas… être très à cheval sur les horaires !

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