Le Paris-Brest-Paris doit sa naissance en 1891 à un homme, Pierre Giffard, alors « chef des informations » (de nos jours on dirait « rédacteur en chef ») du Petit Journal.
Passionné par les nouvelles technologies de son époque, il a déjà publié un certain nombre d’ouvrages de vulgarisation sur le télégraphe, le téléphone, le phonographe, la lumière électrique.
C’est avec le même enthousiasme qu’il a découvert la bicyclette et ses avantage : « la vélocipédie est plus qu’un sport, c’est un bienfait social » écrira-t-il.
En 1890 il publiera chez Firmin-Didot « La Reine bicyclette ». C’est du titre de cet ouvrage que vient l’expression « la petite reine ».
En cette fin du XIXème siècle les courses cyclistes se multiplient. Les bicyclettes sont maintenant pourvues de pneumatiques gonflables.
En mai 1891, le journal « Le Véloce-Sport » et le « Bordeaux Véloce Club » organisent une course devenue elle aussi mythique : le Bordeaux-Paris. 600 kilomètres en une seule étape.
Les britanniques, alors très en avance sur la France tant techniquement que sur le plan sportif remportèrent la course haut la main. Alors que les organisateurs pensaient que la course allait s’étaler sur plusieurs jours, l’anglais George Pilkington Mills parcouru la distance non-stop en 26 heures 34 minutes. Les trois suivants étaient eux aussi britanniques, le premier français (Jacques Jiel-Laval) ne terminant que plusieurs heures plus tard.
Pierre Giffard qui couvrit l’arrivée pour « Le Petit Journal », enthousiasmé par ce premier Bordeaux-Paris, estima que l’on pouvait faire encore plus fort. Avec le soutien total du patron de son journal il publia peu de temps après, le 11 juin 1891, un article intitulé :
Les anglais nous sont supérieurs ? Paris-Brest-Paris sera réservée au français…
Pour attirer les volontaires, le journal annonce le montant des primes promises aux trois premiers : respectivement 2000 F, 1000 F et 500 F… (pour avoir une idée de ce que cela représente, le Petit-Journal coûtait à l’époque 5 centimes, ce qui était nettement moins cher que les autres journaux qui, pour la plupart, étaient vendus 15 centimes).
Inscrivant Paris-Brest et Retour dans la vision qu’il a du cyclisme, Pierre Giffard (qui signe alors « Jean sans Terre ») écrit :
« J’ai rêvé d’une véritable course utilitaire, courue par des hommes qui monteraient la même machine d’un bout à l’autre du parcours, qui n’en changeraient pas en route, qui ne chercheraient pas à dévorer la distance sans perdre une heure de sommeil, qui dormiraient aux moments voulus par leur tempérament, qui feraient en un mot du vélocipède routier, avec paquetages et lanternes »
Tous les modèles de vélo seront admis à condition de ne pas en changer en route. Les vélos couchés n’existent pas encore mais on trouve des tricycles et surtout différents types de bandages pour les roues : en caoutchouc plein, creux et les premiers pneumatiques gonflables.
La route prévue est tout simplement la Nationale 12.
« La Grande Course », comme les gents l’appellent, reçoit un grand intérêt de la part du public et les clubs vélocipédistes (nombreux à cette époque) proposent spontanément leur concours pour assurer le pointage des coureurs le long du parcours.
Pierre Giffard qui a effectué un repérage du trajet au cours du mois de juillet est étonné par la qualité de l’accueil qu’il reçoit et s’en inquiète presque :
« Si le Véloce Club Brestois leur offre des punchs comme celui d’hier soir, leur affaire est claire, ils ne reviendrons jamais à Paris ! »
Alors que 574 « coureurs » et « touristes » s’étaient inscrits dans un premier temps, ils ne seront « que » 211 à prendre le départ de Paris, rue La Fayette, devant l’immeuble du Petit Journal.
Tous français (puisque c’est exigé par le règlement), que des hommes, amateurs et professionnels, ils disposent d’un délais de sept jours pour boucler les 1200 kilomètres du parcours.
Afin de garantir que les participants ne changeront pas de machine en cours de route, les bicyclettes ont été plombées en plusieurs points du cadre.
Ils seront 100 à réussir ce premier Paris-Brest-Paris dans les temps. Le premier, Charles Terront ne mettra que 71 heures 22 minutes, suivi de Jiel Laval et Henry Coulliboeuf.
Charles Terront sera embauché par Michelin afin d’assurer la promotion de leur nouveau pneumatique, le « démontable », tout juste mis au point. La victoire de Terront permit le succès commercial de ce pneu.
Charles Terront sur le timbre de la planche éditée par La Poste en 2011 sur l’histoire du vélocipède :
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