En 2011, du 21 au 25 août aura lieu le 17ème Paris-Brest-Paris (PBP). Au cas ou l’organisation se verrait dans l’obligation de limiter le nombre d’inscriptions, une priorité sera accordée aux personnes ayant réalisé des brevets en 2010. Plus le brevet réalisé en 2010 sera long, plus tôt on pourra se pré-inscrire en 2011 pour le PBP.
Du fait de la fracture de mon épaule j’avais interdiction de reprendre le vélo jusqu’au 24 juin. À cette date tous les brevets de 200, 300 et 400 Km avaient déjà eu lieu. Ne restait en France qu’un brevet de 600 Km, au départ de Brest le weekend du 26-27 juin. Après cela, il n’y aurait plus que des brevets de 1000 Km…
Lorsque le chirurgien m’annonce le 24 juin que je peux reprendre le vélo « prudemment », il m’est évident qu’il me faut réussir le brevet de Brest pour m’assurer une inscription au Paris-Brest-Paris de 2011 (sous réserve de réalisation des brevets qualificatifs de l’an prochain).
Au départ d’un brevet de 600 Km, qui plus est fin juin, les cyclos ont en général plusieurs milliers de kilomètres au compteur. Souvent dix fois cette distance.
Dans mon cas, en additionnant VTT et vélo de course, j’atteins 217 Km… Est-ce bien raisonnable ?
Si mon entrainement se résumait à ce chiffre, la réponse est clairement NON. En réalité, si j’ai très peu de kilomètres sur route, je cumule un grand nombre d’heures d’entrainement « indoor » sur mon ergomètre. L’occasion de vérifier l’efficacité de ce type de préparation.
Le départ à lieu à la maison de quartier de Lambézellec à Brest, à 06h00 le samedi 26 juin.
Pour un brevet de 600 Km nous disposons de 40 heures maximum soit jusqu’au dimanche 27 à 22 heures.
J’arrive quelques minutes avant le départ, le temps de sortir le vélo de mon véhicule, de remplir la feuille d’inscription et c’est parti !
Les autres participants partent groupés. Connaissant bien la région je prends mon temps, j’aime bien rouler seul. Nous avons 600 kilomètres à faire, mon objectif est de valider ce brevet, non de faire un temps. Je préfère ménager mon épaule.
La première étape (Brest – Carhaix, 90 Km) m’est archi-connue: Guipavas, Landerneau, Sizun, le Roc’h Trévézel, Huelgoat…
Arrivé au Roc’h Trévézel, peu après 08h00, je bats mon record de distance de l’année : 54 Km ! Le temps est superbe, la journée s’annonce chaude.
À Carhaix, premier contrôle que je valide dans une boulangerie en achetant un gros sandwich jambon-fromage. Je le complète par un coca et refait le plein de St-Yore à la supérette jouxtant la boulangerie.
857 m ont été gravis pour atteindre Carhaix soit un dénivelé de 952 m / 100 Km.
Ce samedi était organisé également une manifestation cycliste, la « Pierre le Bigaut », 18ème édition d’une manifestation de masse (6857 participants cette année sur différentes distances) dont la principale vocation est d’aider la recherche sur la mucoviscidose. Le problème est que notre parcours s’emmêle dans ceux de cette manifestation. Impossible de rejoindre Maël-Carhaix par la route prévue qui est à contre-sens de la manifestation ce qui oblige à un détours. Parfois on se retrouve au milieu des participants et il faut de la persuasion pour expliquer aux bénévoles (ou aux gendarmes) lorsqu’à un carrefour on quitte le troupeau…
Par chance (et grâce au GPS) cela ne me coûtera que 2 Km de supplément.
Le contrôle suivant, Corlaix (Km 134) se fait dans une petite supérette. J’en profite pour refaire le plein d’eau et me ravitailler.
Le dénivelé depuis le départ est de 1307 m soit pour cette étape de 44 Km : 1023 m / 100 Km.
Il fait maintenant très chaud (30°). Par chance nos petites routes nous amènent régulièrement dans des passages ombragés.
J’arrive au troisième contrôle, à la Trinté-Porhoët (Km 190) peu après 15h00. Là encore une supérette me permet de refaire le plein d’eau et le patron me propose de me faire un sandwich.
Je continue donc d’appliquer mon principe : boire régulièrement à vélo et m’alimenter à l’ombre lors de chaque contrôle, en n’absorbant que des aliments « normaux » (à savoir pas de produits « pour sportifs » toujours trop sucrés à mon goût).
Dénivelé depuis le départ 1919 m soit pour cette 3ème étape de 56 Km : 1093 m / 100 Km.
La quatrième étape nous mène à Bécherel, le point le plus à l’est de notre parcours. Cette étape de 56 Km sera la plus dure. Malgré la quantité d’eau absorbée depuis le départ (plus de 8 litres) je suis déshydraté. Cette partie très peu ombragée expose tout à la fois à la chaleur et au vent de nord-est quasiment de face. J’ai vraiment l’impression de me trainer. J’ai hâte d’atteindre ce quatrième contrôle pour pouvoir absorber une boisson fraiche et non de l’eau chaude au goût de plastique. Je compte aussi sur une baisse de la température en soirée et, avec la route qui passe cap au sud direction Redon, bénéficier d’un vent enfin favorable.
Bécherel est un charmant village, connu pour ces librairies. J’y suis vers 18 heures.
Une bonne pause, de la menthe à l’eau bien fraiche et, là encore, une supérette pour refaire le plein de St-Yore.
J’achète une carte postale au cas ou j’arriverais trop tard à Redon pour trouver un commerce encore ouvert.
En arrivant à Bécherel je comptais sur le miracle bien connu des contrôles : une petite pause, un ravitaillement succin et comme par enchantement on passe de l’état « exténué » à l’état « bon pour la route ». Il était de toute façon hors de question de s’arrêter si tôt. Je n’en suis qu’à 246 Km, la moitié n’est pas encore atteinte.
Total des montées : 2367 m. Soit pour cette étape de 56 Km : 800 m / 100 Km.
À 21h50, en sortant de Guer je « cabane » : Km 300. Inutile de faire demi-tour, il y a maintenant autant de kilomètres derrière que devant !
Finalement ma petite pause à Bécherel m’a permis d’atteindre Redon avant minuit (23h45 en fait) et donc de valider ce 5ème contrôle dans un bar encore ouvert.
J’en suis au kilomètre 332 pour un dénivelé total de 3019 m. Soit une étape de 86 Km avec un dénivelé de 758 m / 100 Km.
Le prochain contrôle n’est que dans 170 Km. Je décide de sortir de Redon et de profiter de cette belle nuit sèche et tiède pour faire un petit somme à la belle étoile, ou plutôt à la pleine lune.
Je repère un champ un peu masqué de la route par un bosquet, et m’installe pour une bonne « sieste ». J’enfile tous mes vêtements, me roule dans ma couverture de survie et règle le réveil sur 04h30.
En fait je vais très bien dormir malgré les conditions spartiates de mon « campement » à même le sol et me réveiller tout seul à 03h30. Je décide de repartir sans attendre. Je me sens reposé et me dit qu’il vaut mieux garder cette heure de gagnée pour l’après-midi qui risque d’être encore bien chaude.
Alors que je commence à ranger mes affaires je vois passer sur la route un cyclo. Il est toujours magique de voir un cycliste en pleine nuit : pas un bruit, juste un puissant éclairage à l’avant et un clignotement rouge à l’arrière.
Une fois revenu sur la route je me demande si je rattraperai le gars que j’ai vu passer un peu plus tôt. Mine de rien il s’est écoulé un certain temps entre son passage et mon « re-décollage ».
Je n’en fais pas un objectif. L’essentiel étant de rouler à son rythme.
Mes trois heures de sommeil m’ont fait du bien, malgré tout je prendrais bien un grand café. Ça ne sera pas pour tout de suite évidemment. Il n’est que 04h00, j’ai hâte de tomber sur le premier troquet ouvert…
Je me mets progressivement à fantasmer de plus en plus sur un bon café et une paire de croissants…
Soudain, au détour d’un virage, je perçois furtivement un feu rouge au loin. Est-ce mon cycliste de tout à l’heure ? Si je le rattrape c’est que je roule plus vite que lui. Voilà une motivation qui va me détourner un peu l’esprit de mes viennoiseries…
Je finis par le rattraper. Lui ne s’est pas arrêté pour dormir… Nous allons rouler de concert pendant un certain temps.
À partir de 06h00 je compte sur l’ouverture des bistrots. Malheureusement les villages que nous traversons sont totalement endormis. Je commence à me faire à l’idée qu’il me faudra tenir jusqu’à 07h00…
Décidément nous sommes dans des contrées de lève-tard… bientôt 08h00 et toujours rien d’ouvert…
En arrivant à Pluméliau (Km 420) nous tombons sur un camping-car à l’arrêt entouré de quelques cyclos. Ils sont sur le même brevet que nous mais ont leur assistance… Ils sont en train de prendre leur petit déjeuner… Mon compagnon de route leur demande s’ils n’auraient pas du café à offrir et c’est bien volontiers qu’ils nous en proposent avec du pain d’épice.
En fait je suis le seul à accepter, mon collègue préférant déjeuner avec… des boîtes de sardines et de maquereaux sorties de ses sacoches… Personnellement, l’idée de déjeuner avec du maquereau… non je préfère de pas y penser…
Après avoir apprécié un gobelet de café et une tranche de pain d’épice je repars pour quelques dizaines de mètres, 08h00 sonnent et une supérette est en train d’ouvrir !
J’en profite pour m’acheter des sandwiches et du coca que je consomme immédiatement en guise de petit-déjeuner, ainsi que de la Saint-Yore pour refaire le plein de mes bidons.
Rassasié et ragaillardi par cet arrêt profitable, je me sens d’attaque pour rejoindre sans souci le contrôle suivant, le 6ème : Coray.
Il fait à nouveau très chaud. C’est avec plaisir que je profite du contrôle pour me désaltérer de menthe à l’eau bien fraîche.
Il est 13h00. J’en suis à 501 Km et 4557 m de dénivelé depuis le départ, soit pour les 169 Km de l’étape Redon-Coray : 910 m / 100 Km.
Plus qu’une centaine de kilomètres, normalement c’est bon…
En attendant il fait vraiment très chaud et la route est particulièrement casse-pattes puisque de Coray nous rejoignons le Roc’h Trévézel mais en redescendant d’abord pour franchir la vallée de l’Aulne.
En chemin, sachant que j’ai de la marge, je profite d’une aire de repos pour m’octroyer un petite sieste à l’ombre…
(…)
17h45, Sizun, dernier contrôle avant l’arrivée. Encore une bonne menthe à l’eau bien fraîche.
Km 565, 5260 m de dénivelé depuis le départ soit pour ces 64 Km : 1098 m / 100 Km.
Les 41 derniers kilomètre se feront avec comme seul souci la circulation de ce dimanche soir. Tous les radars étant sur les voies express, les automobilistes s’en donnent à cœur-joie sur les départementales…
C’est à 20h15 que je boucle ce brevet, avec 606 Km et 5627 m de dénivelé soit 929 m / 100 Km pour l’ensemble du parcours (895 m / 100 Km pour la dernière partie Sizun-Brest).
(…)
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