Il y a longtemps que je souhaite introduire une rubrique « lectures ». En rapport avec le cyclisme au long cours évidemment.
Des livres de voyageurs à vélo il en existe quantité. Malheureusement l’aventurier ne fait pas toujours l’écrivain et il m’est arrivé d’avoir du mal à finir tel ou tel compte rendu de tour du monde… De ceux-là il ne sera pas question ici, je préfère parler des ouvrages que j’ai aimé…
L’actualité, avec l’intervention militaire française au Mali, m’a fait replonger dans ce livre de Jean NAUD paru chez Albin Michel en 1987 dans la collection « Aventure au XXe siècle ».
Trois roues pour Tombouctou c’est l’histoire d’un homme passionné par le Sahara, ingénieur dans l’industrie du véhicule industriel, qui va concevoir un vélo spécial pour pouvoir rouler dans le désert sans s’ensabler…
3200 kilomètres, dont 2000 de pistes de sable, seul sur un vélo à trois roues (dont deux motrices), en autonomie complète (vélo de 180 kg dont 70 litres d’eau !). De janvier à avril 1986.
Jean Naud est tout sauf un « dingue ».
Il nous relate ses différents essais de voyages à vélo dans le désert, de Alger-Metlili-Chaamba (Algérie) en 1954 sur une randonneuse « normale » à Zinder (Niger) – Tamanrasset (Algérie) en 1980 sur un vélo spécial équipé de gros pneus, prototypes Michelin.
Ingénieur, il nous détaille ses cogitations en vue de créer une « tricyclette » monotrace pouvant rouler lourdement chargée dans le sable, tout en minimisant la résistance à l’avancement.
L’articulation qui fait que le « vélo », de deux roues sur bitume, peut passer à trois roues, dont deux motrices, dans le sable.
Dans cet ouvrage Jean Naud nous conte les différents aspects de son Aventure.
De ses premières expéditions dans le désert, à la réalisation de son engin en passant par les aspects administratifs (convaincre les autorités de le laisser partir dans le Sahara à « vélo »), les examens médicaux réalisés en partenariat avec l’armée en vue d’étudier l’adaptation de son organisme à la chaleur, et bien sûr l’Aventure elle-même avec ses rencontres, ses difficultés, sa réussite.
1986 ce n’est pas très vieux et pourtant… pas de téléphone portable et surtout pas de GPS. Se perdre ou s’éloigner un tant soit peu de la piste c’est prendre le risque de s’ensabler, de consommer plus d’eau que prévu…
Extraits :
Page 50 : « Je me souviendrai toujours de ces jeunes touristes anglais ensablés au kilomètre 79, au nord d’Arlit, dans un passage de dunes très difficile.
Toujours silencieux dans ma progression, j’entends de très loin les efforts du moteur de leur « 404 » ensablée. Je m’arrête quelque 500 mètres avant qu’ils ne m’aperçoivent et, après avoir dégonflé mes pneus à 0,5 bar, enclenché le plus petit développement, 26 x 28, comme un chameau, sans bruit, lentement, je m’approche d’eux et, sans paraître, tour de roue après tour de roue, je les croise sans ralentir. C’est alors que j’entends un « My God ! » retentissant.
Pour ne pas pousser trop la plaisanterie, le mauvais passage de sable franchi, j’arrête ma bicyclette, et me dirige vers eux à pied avec un flegme tout britannique. Tel Livingstone rencontrant Stanley au fleuve Congo, je leur dis :
— You have some problem, I suppose ! »
Jean NAUD est né le 13 mars 1931 à Blida en Algérie. Il est décédé le 1er août 2011.
Il avait 55 ans lors de cette aventure.
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