30 Oct2010
 

(Pour un rappel du règlement des Diagonales de France)

(Lire le début du compte rendu du triangle BS-SP-PB)
Compte rendu de la diagonale Brest-Strasbourg

Diagonale Strasbourg-Perpignan

du 1 au 4 octobre 2010.

Même si j’ai très bien dormi j’ai tout de même entendu le déluge qui c’est abattu toute la nuit sur la ville…

Le petit déjeuner chez Jocelyne est, comme celui de la veille, bien copieux avec en plus un beau kouglof ! Jocelyne m’en donnera deux belles parts à emporter (je n’ai pas voulu tout prendre !).
Lorsque nous nous mettons en route la pluie a finalement cessée !

Cette Diagonale est la plus courte du triangle. Elles fait d’ailleurs partie des deux Diagonales les plus courtes avec Hendaye-Menton : 940 Km officiellement.
Mon parcours est prévu pour 974 Km, ce qui ne change rien au délai de 78 heures soit 3 jours et 6 heures.
Cette fois je n’ai pas calculé mon heure de départ pour une arrivée avant minuit (cela m’aurait fait partir à 18 heures…) mais en trouvant un compromis m’accordant une deuxième nuit à Strasbourg suffisamment longue pour repartir bien reposé et me ménager un repos un peu plus long à Perpignan avant d’attaquer la troisième diagonale.
Ainsi en quittant Strasbourg à 8 heures il me faut atteindre Perpignan avant 14 heures (trois jours plus tard !).

Le temps de valider au commissariat et Jocelyne me guide pour sortir de la ville et me mettre dans la bonne direction.
Deux milles feux rouges plus tard (environ) c’est chose faite, il n’y plus qu’à remercier Jocelyne pour son hospitalité, la qualité de son accueil et du guidage tant à l’arrivée qu’au départ de Strasbourg et… à descendre à Perpignan !

Triangle 2010, trois diagonales de France à la suite : Brest-Strasbourg, Strasbourg-Perpignan, Perpignan-Brest

A vélo, oui ! A la chaîne, Non !

Vendredi 1er octobre : cette première étape doit me mener à Dole via Belfort et Besançon.

1er octobre 2010, Strasbourg-Dole

À Marckolsheim (Km 53), alors que le soleil commence à percer, une opportunité sympathique se présente : un banc bien exposé et une boîte aux lettres juste à côté. Le banc me permet de tenir le vélo le temps de poster ma carte « départ » et de grignoter un peu. Il est 10h25, il y a trois heures que j’ai petit-déjeuné et il faut tout à la fois s’alimenter régulièrement et minimiser le nombre d’arrêts.

Strasbourg-Perpignan, carte postale Départ

Durant cette pause que je souhaitais courte, un quidam s’intéresse à mon vélo et à ses trois plaques de cadre. Il veut tout savoir sur les diagonales. Ce monsieur est très sympathique mais j’ai beau lui redire que les diagonales se font en temps limité et que le chronomètre tourne, j’ai du mal à m’en défaire…

La première centaine de kilomètres est vraiment facile, pas de relief, pas de vent, un soleil de plus en plus présent : que du bonheur comme on dit de nos jours !

Premier contrôle à Belfort, le relief c’est un peu accentué mais il fait vraiment très beau et, pour la première fois depuis Brest, je prends ma consommation attablé sur une terrasse au soleil !

Le Lion de Belfort, sculpture de Bartoldi

Pour rejoindre Besançon, j’ai choisi de quitter la départementale principale et de suivre la vallée du Doubs. Ce choix s’avère excellent pour ce qui est d’éviter une circulation vraiment infernale.
Me voilà sur des petites routes tranquilles, pas une voiture. En revanche la moyenne en prend un coup : la chaussée est souvent en mauvais état et donc fort peu roulante. Cela dit le parcours est vraiment très agréable : sous les arbres, au bord de l’eau… mais une fois le soleil couché il fait vraiment froid et humide !
La ligne de chemin de fer qui longe elle aussi la vallée mais à flanc de coteau ajoute régulièrement une petite touche sympathique et hors du temps à cette partie de l’étape.

En chemin, passant devant une boulangerie assez importante peu de temps avant la fermeture, je décide de m’arrêter pour faire le plein de provisions pour la soirée. Je consomme sur place un pain au chocolat et réussi à caser dans mes sacoches une pizza, une flammenküche, et une tarte saucisse sèche/fromage…

Mon arrivée à Besançon est un retour dans la réalité de la ville, de la foule et de la circulation. Après tous ces kilomètres un peu hors du temps et très bucoliques me voilà plongé dans l’enfer du bruit, des gaz d’échappement et de la fureur automobile… Je préfère ne pas m’attarder, de juste valider mon contrôle et de poursuivre ma route jusqu’à mon hôtel de Dole.
Malgré tout la pizzeria où je fais tamponner mon carnet est bien sympathique. Il y règne une bonne ambiance visiblement faite d’habitués déjà bien… guillerets ! Un convive tient absolument à me payer un coup à boire (« ben oui, je peux bien payer à boire à un gars qui fait 300 bornes à vélo tous les jours ! »). Une me demande si je n’ai pas besoin de compagnie. Je lui dis qu’elle a cinq minutes pour aller chercher son vélo..

Je repars sans attendre et parcours sans soucis particulier les 55 Km restant jusqu’à mon hôtel de Dole.
Je ne sais pas encore que je viens de manger tout mon pain blanc de cette diagonale…

Strasbourg-Perpignan, triple plateau (repas) à Dole !

A vélo, oui ! A la chaîne, Non !

Samedi 2 octobre : de Dole à Valence via Louhans et Lyon.

2 octobre 2010, Dole-Valence

Je quitte Dole à 05h30, il fait nuit bien sûr. La navigation retient toute mon attention car pour mes trois diagonales j’ai choisi majoritairement de toutes petites routes, certaines même sans numéro…
Il me semble que maintenir la vitesse prévue me demande un certain effort, mais n’arrivant pas à faire la part des choses entre le mauvais revêtement de la chaussée, la difficulté de juger du relief et du vent dans le noir , je me contente de pédaler !

Le jour se levant, il m’apparait de plus en plus clairement que le vent vient du Sud et donc qu’il m’est défavorable !

À Louhans, mon troisième contrôle, je perds un peu de temps car le premier café dans lequel je pensais petit-déjeuner n’a pas de tampon. Heureusement que j’ai pris l’habitude de poser la question sitôt entré, avant même de consommer. Pas de tampon, pas de consommation ! Telle est ma règle !
Le café où je m’installe finalement connait le principe, il me dit avoir vu un diagonaliste en juillet !
J’accompagne mes grands cafés des parts de kouglof données par Jocelyne à mon départ de Strasbourg.

Je reprends la route. Arrivé à un carrefour un panneau m’indique « route barrée à 4 Km » et veut me faire prendre une déviation, laquelle bien sûr rallongerait mon parcours. Que faire ? Continuer comme si de rien n’était (normalement à vélo on arrive toujours à passer d’une façon ou d’une autre) ou ne pas prendre de risque et suivre la déviation même si cela doit me coûter de façon certaine des kilomètres supplémentaires ?
Je décide de tenter le coup et continue comme si de rien n’était…
Les kilomètres défilent et pas la moindre trace de travaux. Suspense. Soit les panneaux « déviation » sont inutilement restés en place pour le weekend, soit… je risque de devoir faire un demi-tour vraiment bien long…
Soudain j’aperçois les raisons de la déviation : à la place de la route, une plaie béante. Plus de pont pour franchir une petite rivière… plusieurs mètres en contre-bas…
La chaussée est barrée de deux rangées de gros « lego » rouges et blancs à 30 mètres l’une de l’autre.
Je ne peux me résoudre à l’idée de faire demi-tour pour rejoindre la déviation et décide de m’approcher pour voir s’il n’y a pas moyen de franchir le… Rubicon.
Je porte le vélo, franchis le premier barrage puis le second. Au fond de la tranchée apparaissent au milieu de l’eau et de la boue les fondations du futur pont…
Mais, en regardant à droite et à gauche s’il n’y a vraiment pas moyen de passer je vois qu’un peu plus loin, dans un champ, un passage a été aménagé dans la terre pour les engins de chantier. Ouf ! Un peu de gymkhana dans la boue et me voilà bon pour porter à nouveau mon vélo pour franchir les deux barrages… de l’autre côté. Beaucoup moins de temps perdu que si j’avais dû faire demi-tour… et sûrement moins que si j’avais pris la déviation. Le pari est gagné !

Une fois le calme revenu il s’avère que plus j’avance, plus le vent de Sud se renforce ! La progression devient de plus en plus difficile.

Mon trajet passant par Lyon j’ai choisi de rejoindre la Saône un peu au nord de cette grande ville, plus précisément à Rochetaillée-sur-Saône où je dois voir des amis.
Du fait du vent j’arrive avec du retard sur mon horaire. Normalement je comptais seulement saluer mes amis au passage car il me semblait qu’aller chez eux exigeait un détour. Pierre ayant insisté au téléphone comme quoi mon parcours ne passait qu’à 150 mètres de leur maison j’ai fini par décider de m’y rendre…
Mais j’ai du mal à trouver précisément leur maison (je n’étais encore jamais venu, nous nous sommes rencontrés au ski puis en Bretagne). J’appelle Véronique au téléphone qui vient me guider avec sa voiture. De chez eux on a une vue magnifique sur la Saône, mais quelle côte pour y arriver !
Seulement voilà, entre le vent qui me scotche sur place depuis le matin, le temps perdu à essayer de trouver leur maison et les 2 x 3 Km de détour (!) j’ai consommé la marge prévue et du coup ne fais que passer… en coup de vent !
Le temps de manger (une partie de) ce que Véronique m’a préparé, d’emporter du ravitaillement pour plus tard (que je serai bien content d’avoir à l’hôtel le soir à Valence) et me voilà reparti car j’ai rendez-vous de l’autre côté de la Saône avec François Gerfaud, sariste, qui doit me guider pour traverser Lyon (mon quatrième contrôle) en ce jour de manifestations !

François m’avait contacté par téléphone pour me proposer de m’aider à traverser Lyon. C’est bien volontiers que j’ai accepté son aide. Et bien m’en a pris !
En effet, ce samedi 2 octobre est jour de manifestations contre la réforme des retraites. Certaines des rues que j’avais prévu d’emprunter sont interdites à la circulation…

Lyon, façade en trompe-l'oeil

Le guidage de François m’a évité bien du tracas. Traverser une ville inconnue n’est jamais simple à vélo (sens uniques, circulation..) dans le cas d’une métropole comme Lyon, un jour de manifs qui plus est, cela aurait pu tourner à la galère. Une fois de plus vive les saristes !!!
Juste un arrêt pour valider mon contrôle et boire un coup et François me guide jusqu’au Sud de Lyon, en restant rive droite de la Saône.

Il ne me reste plus qu’à continuer cap au Sud jusqu’à Valence, terme de cette deuxième étape. Je reste rive droite du Rhône. Contrairement à ce que j’espérais le vent n’a pas faibli avec la fin du jour… Je suis juste un peu moins exposé ce soir que je ne l’étais jusqu’à Lyon.
La dernière partie de l’étape, Andance–Valence (D86), m’est connue puisque je l’avais déjà empruntée l’an dernier lors de Brest-Menton.

A vélo, oui ! A la chaîne, Non !

Dimanche 3 octobre : de Valence à Narbonne via Uzès et Sète.

3 octobre 2010, Valence-Narbonne

En quittant Valence peu après 6 heures, il est tout de suite évident que le vent n’a pas cessé et je commence à me fait à l’idée que Strasbourg-Perpignan aura lieu avec vent de face jusqu’au bout…
En revanche, il fait bien chaud. En repartant de Bagnols-sur-Cèze où je me suis arrêté déjeuner, le thermomètre affiche même 32° ! Rien à voir avec les températures de Brest-Strasbourg.

À partir d’Uzès (contrôle 6), le vent ne fait que se renforcer et ma progression demande une énergie de plus en plus importante. Le ciel, si bleu jusque là, commence même à se couvrir en arrivant sur Nîmes.

Les arènes de Nîmes

Je décide de mettre le turbo et déployant une énergie dingue j’arrive enfin à Sète, mon septième contrôle.
Le patron de la pizzeria où je m’arrête pour valider mon carnet est très sympa. Il m’offre mon grand crème. D’après lui le vent est encore pire du côté de Narbonne. La région est en alerte orange avec des vents à plus de 90 Km/h…
Je repars sans trop tarder. J’ai tellement forcé pour arriver là que je sens mes genoux qui commencent à brûler… mieux vaut reprendre la route avant que les douleurs n’apparaissent.
La dernière partie de cette étape sera épique : les routes sont couvertes de branches d’arbre, de détritus divers qui volent en tous sens.
Plusieurs fois des diagonalistes se sont étonnés de mon chargement « tout à l’arrière ». Je me félicite de ce choix. Dans les moments avec vent latéral il m’arrive déjà avec le peu que j’ai sur le guidon de faire de belles embardées sous les bourrasques… (j’ai déjà eu l’occasion de voir ce que donnait chez moi le pont Albert Louppe par jour de tempête avec une sacoche de guidon…).

Initialement j’avais prévu aller jusqu’à Béziers mais je compte en fait atteindre Narbonne dès ce soir afin de ne laisser qu’une toute petite étape pour le dernier jour.

C’est avec une grande fatigue mais une satisfaction non moins grande que j’arrive enfin à mon hôtel de Narbonne. Il ne me reste plus que 73 Km pour atteindre Perpignan avant demain 14h00…

A vélo, oui ! A la chaîne, Non !

Lundi 4 octobre : de Narbonne à Perpignan.

4 octobre 2010, Narbonne-Perpignan

Je quitte l’hôtel à 07h00 ce dernier matin. Je décide de rouler non-stop jusqu’à Perpignan afin de ne pas relâcher la pression car le vent est toujours très violent et parfaitement de face.

Je poste ma carte postale « Arrivée » quelques kilomètres avant Perpignan que j’atteins avec seulement trente minutes de retard sur mon planning, après 700 kilomètres de vent contraire !

Envoi de la carte postale arrivée de la diagonale Strasbourg-Perpignan

Là aussi j’ai prévu un jour de repos avant de repartir pour la diagonale suivante.
Je suis hébergé à Saint-Estève, à six kilomètres du commissariat de Perpignan, chez des cousins.
J’avais dis que je serais là pour midi, le temps de faire une petite pause à Perpignan et je suis chez eux à midi quinze !

Une bonne douche, un bon repas sur la terrasse à l’abri du vent et cela va déjà mieux. Une bonne sieste là-dessus et la magie opère, la fatigue disparaît au profit de l’euphorie de cette deuxième réussite malgré des conditions difficiles.

En émergeant de ma sieste mon linge est déjà propre et sec !

Le mardi 5 octobre sera consacré à la préparation du vélo pour la troisième diagonale, au repos et à une copieuse alimentation !

5 octobre 2010, repos et préparation pour Perpignan-Brest

Saint-Estève : séjour de rève !

Compte rendu de la diagonale Perpignan-Brest

26 Oct2010
 

(Pour un rappel du règlement des Diagonales de France)

(Lire le début du compte rendu du triangle BS-SP-PB)

Diagonale Brest-Strasbourg

du 26 au 29 septembre 2010.

Le départ est fixé au dimanche 26 septembre, 08h00.

Pourquoi 8 heures ? Pourquoi « si tard » ?
Cette question me sera posée plusieurs fois par d’autres diagonalistes ou saristes rencontrés en cours de route.
Il est vrai que beaucoup partent vers 5 heures du matin, quand ce n’est pas 3 ou 4 heures… Sans parler de ceux qui partent le soir avec l’intention de rouler 24 heures d’affilée…
Personnellement j’aime bien avoir minuit pour heure limite d’arrivée. Le délai pour Brest-Strasbourg étant de 88 heures, pour avoir minuit comme limite implique de partir… à 08h00. CQFD !
De la même façon, le départ de Perpignan-Brest (délai de 89 heures) aura lieu à 07h00. Mais n’allons pas trop vite, nous somme toujours à Brest !

L’intérêt de partir « si tard » est de m’assurer un minimum de sommeil pour la dernière nuit, ce qui est généralement un problème pour moi… Cette fois j’ai réussi à être couché à minuit. Avec un réveil à 05h30 j’avais une bonne nuit devant moi !

Triangle 2010, trois diagonales de France à la suite : Brest-Strasbourg, Strasbourg-Perpignan, Perpignan-Brest

Au commissariat de Brest, j’ai le plaisir de retrouver Vincent du forum « Super Randonneur ». En tant que sariste j’avais eu l’occasion d’aller encourager Vincent lors de sa première diagonale en avril dernier.

Départ imminent !

© Vincent Jaouen

Ce matin le temps est particulièrement frisquet : seulement 8° au thermomètre et un fort vent du nord qui donne une température ressentie bien plus basse.

À Landerneau je poste ma carte départ et mets le cap à l’Est pour une balade de 1050 Km sur le 48ème parallèle.

Landerneau, carte postale départ de Brest-Strasbourg

Pour quitter la Bretagne j’ai choisi de suivre la voie express N12 par des départementales qui jouent à saute-mouton avec celle-ci : Landerneau, Landivisiau, Morlaix, Guingamp, Saint-Brieux, Lamballe. Puis de continuer sur Dinan et Fougères.

26 septembre 2010, Brest-Fougères

Du côté de Lamballe, alors que je roule tranquillement dans la forêt, une petite voiture rouge me double prudemment, la conductrice me fait un signe amical et s’arrête : c’est Marie-France Lesné qui a la surprise de voir passer un diagonaliste sur « ses terres » !
Désolée de ne rien avoir à m’offrir elle trouve tout de même deux biscuits et trois brosses à dents (jetables) dans sa voiture ! Après avoir discuté un moment, je reprends ma route.

En arrivant sur Dinan, un cyclo venant en sens inverse fait demi-tour en me voyant. Cette fois c’est Denis, dit Ekinox sur le forum « Super Randonneur » qui me fait la surprise de venir à ma rencontre pour un bout de route et un guidage pour la traversée de Dinan !

Denis (Ekinox)

Arrivé à la sortie de Dinan guidé par Denis

© Denis (Ekinox)

Le soir même, c’est avec 25 minutes d’avance sur mon planning que j’atteins l’hôtel réservé à Fougères.

A vélo, oui ! A la chaîne, Non !

27 septembre 2010, Fougères-Fontainebleau

La deuxième étape me conduit tout d’abord à Fresnay-sur-Sarthe, mon troisième contrôle. J’y arrive sous une pluie fine mais bien dense et surtout bien froide… Copieux ravitaillement dans une supérette que je vais consommer dans un café, observant la grisaille et la pluie tomber inlassablement dehors…

Fresnay-sur-Sarthe, ravitaillement

Le temps passé lors de cette pause plus longue que prévue a été finalement payant : je me suis bien rassasié et, au moment de repartir, la pluie cesse ! Quelques kilomètres plus loin le soleil finit même par percer, d’abord timidement puis plus vaillamment ! Le relief du Perche finira par me… sécher !

À Chartres, JP, le patron de la Brasserie du Grand Faubourg où je m’arrête pour valider mon contrôle m’offre ma consommation !

JP, Brasserie du Grand Faubourg à Chartres

Adresse de la Brasserie du Grand Faubourg à Chartres

Finalement en arrivant à Fontainebleau je m’arrête au Grand Café pour tamponner mon carnet et cette fois le patron m’offre un chocolat chaud ! Un vrai, un chocolat chaud fait maison… délicieux ! D’autant plus que les cent kilomètres depuis Chartres étaient particulièrement frais : en cette saison la nuit tombe tôt et la différence de température entre le jour et la nuit est vraiment importante, surtout avec ce vent du nord qui n’arrête pas.

Le Grand Café à Fontainebleau

Encore une poignée de kilomètres et me voilà dans mon hôtel de Fontainebleau-Avon.

A vélo, oui ! A la chaîne, Non !

28 septembre 2010, Fontainebleau-Nancy

Pour mon troisième jour je dois atteindre Nancy.
Je n’emprunte que de toutes petites départementales. De ce fait je ne suis pas gêné par la circulation, ma bête noire ! En contrepartie il me faut être très vigilant question navigation mais j’ai bien préparé mon parcours, dispose d’un GPS et pas une fois ne me tromperais de route.
Reste que le plus gros de la journée se passe sous un ciel bien bas et bien gris…

Arrivant à Anglure un peu avant midi, le seul commerce ouvert pour mon contrôle est un restaurant ouvrier dont le menu du jour me fait de l’œil de façon insistante. Je décide de céder illico à la tentation !

Anglure

Ce n’est que peu de temps avant de se coucher que le soleil se décidera à montrer timidement le bout de son nez…

Pour mon septième contrôle, à Montiers-sur-Saulx, il n’y a pas d’autre solution que de prendre mon vélo en photo sous le panneau d’entrée de la commune. En effet celle-ci ne dispose plus du moindre commerce…

Montiers-sur-Saulx

Heureusement que j’ai fait le plein de provisions plus tôt dans la journée pour être sûr d’avoir quelque chose à manger ce soir.

Les 85 kilomètres qu’ils me restent pour atteindre mon hôtel de Nancy me semblent, comme toutes les arrivées sur de grandes villes, assez interminables. Il fait nuit et froid. J’ai même traversé du brouillard après Montiers-sur-Saulx, sur une route en réfection et donc peu roulante car couverte de gravas.

Et pour finir, la traversée interminable de zones industrielles…

À l’hôtel, il n’y a pas de borne automatique où mettre sa carte bancaire pour obtenir sa chambre mais un accueil. Sauf que le gardien n’est pas là et ne répond pas à la sonnette… Lorsqu’il finit par apparaitre cela fait bien vingt minutes que je glandouille dans le hall attendant de pouvoir enfin disposer de ma chambre…

A vélo, oui ! A la chaîne, Non !

29 septembre 2010, Nancy-Strasbourg

Pour mon dernier jour, selon mon habitude il ne me reste qu’une courte étape à accomplir pour boucler ma diagonale.
Dès le départ de Nancy, il pleut. La pluie ne fait même que s’accentuer pour devenir un vrai déluge lors de ma traversée de Lunéville. J’avais prévu un arrêt conséquent dans cette ville où j’ai habité enfant. La pluie et les 9° ne m’incitent finalement pas à m’attarder.

Le passage du col de la Chapelotte et surtout du Donon me réchauffe un peu… mais étant trempé jusqu’aux os, la re-descente sur Schirmeck, dernier contrôle avant l’arrivée, me fait de nouveau grelotter.

À Schirmeck il me faut être très fort : je valide mon carnet dans une brasserie où les bonnes odeurs de cuisine alsacienne et les cuivres des pompes à bières se liguent pour m’inciter à un arrêt prolongé ! N’écoutant que mon devoir je me contente d’un grand café et reprend la route. J’ai en effet rendez-vous en chemin pour Molsheim avec Jocelyne Hinzelin, sariste, qui m’a proposé son guidage jusqu’à Strasbourg et surtout un hébergement pour mon jour de repos avant la deuxième diagonale !

Les derniers kilomètres avant Strasbourg

© Jocelyne Hinzelin

Comme prévu je retrouve Jocelyne et la fin de la diagonale se fait sans soucis, guidé royalement jusqu’au commissariat de Strasbourg (après une halte à Molsheim pour poster la carte postale d’arrivée).

Molsheim, je poste la carte postale d'arrivée de BS !

© Jocelyne Hinzelin

Arrivé dans l’après-midi ce 29 septembre (j’avais jusqu’à minuit) cela me fait quelques heures de repos de plus avant de mettre le cap au sud pour Perpignan.

Alors que Jocelyne me demande si j’ai des souhaits particuliers pour mon séjours à Strasbourg, je lui dis que j’ai la ferme intention de manger une bonne choucroute (j’en rêve depuis deux jours de « ma » choucroute à Strasbourg !) et souhaite l’inviter pour la remercier de son hospitalité. Sur ce, elle me montre dans sa cuisine, une superbe choucroute qu’elle a cuisiné pour mon arrivée ! Un vrai régal !!!

Le jours de repos à Strasbourg sera mis à profit pour laver les vêtements utilisés lors de cette première diagonale (et surtout les faire sécher !) me régaler de bonnes choses sans la pression du chronomètre, préparer mon vélo pour la deuxième diagonale du triangle et… me reposer !

SAR : Strasbourg, Accueil Royal !

Compte rendu de la diagonale Strasbourg-Perpignan

26 Oct2010
 

(BS : Brest-Strasbourg, SP : Strasbourg-Perpignan, PB : Perpignan-Brest)
Cf. la page Diagonales de France

Triangle Brest-Strasbourg, Strasbourg-Perpignan, Perpignan-Brest

Il y a un an, du 27 septembre au 08 octobre 2009 je réalisais mes deux premières diagonales : un aller-retour Brest – Menton, Menton – Brest.
Durant l’hiver 2009-2010 je décidais de préparer un triangle Brest-Strasbourg, Strasbourg-Perpignan, Perpignan-Brest. Certes trois diagonales, mais « seulement » 250 Km de plus (Cf. le tableau des distances théoriques des diagonales).
Je prévoyais d’effectuer ce triangle du 30 mai au 12 juin 2010. Malheureusement un accident de ski en février m’a interdit de vélo durant de longs mois. Certes, « à l’insu du plein gré » de mon chirurgien j’ai effectué avec succès le BRM 600 de Brest fin juin (en vue de la présélection pour le Paris-Brest-Paris 2011). Ensuite j’ai préféré être prudent et ne suis plus remonté sur mon vélo jusqu’au BRM 1000 d’Auffay, fin août. Ayant réussi ce brevet de 1000 kilomètres je décidais de reprendre mon programme 2010, maintenant le « 1000 du Sud » du 11 septembre et reprogrammant l’enchainement des trois diagonales BS-SP-PB en septembre-octobre, aux mêmes dates finalement que mes diagonales de l’an dernier.
Au moment du départ de Brest-Strasbourg, le 26 septembre dernier, j’avais donc moins de 3000 Km de vélo depuis le début de l’année, ce kilométrage se résumant quasiment à un brevet de 600 Km et deux de 1000 Km…

Compte rendu de Brest-Strasbourg

19 Oct2010
 

Voilà exactement dix jours que j’ai terminé mon triangle 2010.

Dix jours bien occupés par le travail qui m’attendait en rentrant et par la priorité accordée à la rédaction des comptes rendus à envoyer à l’ADF (Amicale des Diagonalistes de France).
En effet la réunion des diagonalistes du Grand Ouest aura lieu cette année le 6 novembre à Avranches. Rentré un 9 octobre je n’avais que peu de temps pour renvoyer mes carnets de route accompagnés des comptes rendus.

La version Web de ces comptes rendus, plus étoffée, ne devrait pas tarder…

Dores et déjà un premier bilan : je n’ai à aucun moment souffert de mon épaule durant ce périple de plus de 3100 Km, et trois jours après mon retour le manque de sommeil était comblé. Pendant quelques jours j’ai eu tendance à « manger comme quatre » mais maintenant tout est rentré dans l’ordre (je ne mange plus que « comme deux » 😉 ).

11 Oct2010
 

En attendant le compte-rendu voici :

1) la carte du parcours réalisé :

Triangle 2010, trois diagonales de France à la suite : Brest-Strasbourg, Strasbourg-Perpignan, Perpignan-Brest

2) Liens vers les principaux articles postés durant ce triangle:

Brest-Strasbourg :

Départ de Brest, le 26/09
26/09, Saint-Brieux, contrôle 1
26/09, Fougères, contrôle 2
27/09, Fresnay/Sarthe, contrôle 3
27/09, Chartres, contrôle 4
27/09, Fontainebleau, contrôle 5
28/09, Anglure, contrôle 6
28/09, Montiers/Saulx, contrôle 7
28/09, Nancy, contrôle 8
29/09, Arrivée à Strasbourg
Brest-Strasbourg : faits et chiffres
30/09, Strasbourg, pause 1

Strasbourg-Perpignan :

Départ de Strasbourg le 01/10
01/10, Belfort, contrôle 1
01/10, Besançon, contrôle 2
01/10, Étape à Dole
02/10, Louhans, contrôle 3
02/10, Rochetaillée/Saône
02/10, Lyon, contrôle 4
02/10, Valence, contrôle 5
03/10, Uzès, contrôle 6
03/10, Sète, contrôle 7
03/10, Narbonne, contrôle 8
04/10, Arrivée à Perpignan
05/10, Perpignan, pause 2

Perpignan-Brest :

Départ de Perpignan le 06/10
06/10, Castelnaudary, contrôle 1
06/10, Montauban, contrôle 2
07/10, Bergerac, contrôle 3
07/10, Cognac, contrôle 4
07/10, Étape à Saint-Jean-d’Angely
08/10, Marans, contrôle 5
08/10, Le Pellerin, contrôle 6
09/10, Arrivée à Brest

18 Sep2010
 

Le « 1000 du Sud » est inscrit à mon programme depuis le début de cette année.

Malgré la fracture de mon épaule cette épreuve a toujours été dans mes objectifs. Seule grosse différence, alors que ce 1000 kilomètres aurait dû être le point final de ma saison il n’en est qu’un des premiers maillons.
Mon nombre de « sorties vélo » au moment du départ se monte à huit : six sorties de moins de 50 kilomètres (pour accompagner des diagonalistes), le BRM 600 de Brest du 26 juin et le BRM 1000 d’Auffay du 23 août…
Au total, 1900 Km !…

(Vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir)

Le trajet du 1000 du Sud

Ce qui a tout de suite attiré mon attention sur ce brevet c’est sa spécificité. Ce n’est pas un brevet de 1000 kilomètres comme les autres. C’est une épreuve appelée à devenir mythique. Une épreuve qui manquait encore en France.
L’itinéraire n’est pas banal, arrière Provence, Ardèche, Vercors, Hautes-Alpes… autant de régions magnifiques évoquant pour moi de nombreux souvenirs.
Bref, je voulais absolument y être. Avant tout pour le parcours. J’ai déjà un 1000 en poche. Cela dit, valider celui-ci serait un plus, surtout pour sa première édition…

La Garde (83130 – 8 Km à l’est de Toulon) étant diamétralement opposé à Brest sur l’hexagone, je fais une première grosse étape le 9 septembre pour rejoindre Jonquerettes (près d’Avignon) ce qui me permet de revoir avec plaisir de la famille géographiquement bien éloignée…

Le 10 septembre, déjeuner avec vue sur le Ventoux :
Vue sur le Ventoux

Pour la nuit avant le départ j’ai réservé à l’hôtel Kyriad de La Garde. J’y retrouve un certain nombre d’autres participants :
Rencontre avant le départ
De gauche à droite sur la photo : Xavier, Jean-François, Sophie qui est à l’origine de ce formidable parcours et Joseph venu de San Francisco exprès pour ce brevet !

Sophie (Voir absolument son blog : Rando Spirit) nous offre à chacun un T-Shirt aux couleurs du « 1000 du Sud ». Elle l’a payé de sa poche mais ne veut rien savoir, pas moyen de participer. Merci encore Sophie.

Le T-Shirt du 1000 du Sud(Le logo du « 1000 du Sud » représenté sur le T-Shirt est une création de Sophie !)

Le soir nous nous retrouvons un certain nombre à partager un repas spécialement concocté pour nous à l’hôtel (essentiellement des spaghettis, volaille, fromage blanc).
Repas du soir avant départSur la photo, de gauche à droite : Jeff, Jean-François, Jean-Philippe, Xavier, Sophie, Joseph.

Sur la photo : à droite Pascal et moi à Gauche.

Samedi 11 septembre 2010, jour J
Déjà au petit-déjeuner, le set de table en papier nous pose une bonne question :Quel saveur aura votre journée

L’hôtel n’est pas loin du départ. En quelques coups de pédales nous y sommes. En étant pré-inscrits par internet les formalités sont vite réglées : 3 € de participation !

07h00 : le départ !

Durant les premiers kilomètres il fait encore frais : 9°. Mais cela ne va pas durer…

Une fois sortis de La Garde nous rejoignons la Provence par des petites routes tranquilles :

Sur la photo ci-dessus, Sophie en conversation avec Jean-Philippe. Jean-François sur son « vélo horizontal ».

La traversée de Peyrolles :

(Jean-Philippe et Joseph de San-Francisco)

À Cadenet (Km 115) nous effectuons une pause ravitaillement. Avec cette chaleur il est nécessaire de refaire le plein des bidons. Il est également important de s’alimenter régulièrement.

Cadenet

Le col du Pointu (Jean-François me prend en photo…) :

… la voilà :

Après ce virage… :

… superbe vue sur le Ventoux :

Dans la descente je suis rattrapé par les trois participants en « vélo couché » :

L’arrivée à Murs, notre premier contrôle :

Le petit village de Murs, Km 153. Le pointage s’effectue au bar de l’hôtel-restaurant Le Crillon. L’occasion de boire deux grandes menthe à l’eau bien fraîches.

Le Crillon à Murs

Mais il faut quitter l’ombre protectrice des vieilles pierres. Je n’en suis pas encore à la moitié de mon objectif du jour : Aubenas (Km 328)…
En arrivant à Mazan (Km 177), encore une belle vue sur le Ventoux :

Malaucène (Km 329)

Vaison-la-Romaine, notre deuxième contrôle, Km 203. L’occasion de s’alimenter à nouveau.

La tenue est débraillée mais il faut bien évacuer la chaleur !
En passant à Mondragon (Km 239), un peu avant 20h00, il faisait encore 28,5°…

En cette saison le soleil se couche tôt. Voici la dernière photo du jour :

Du fait de la chaleur qui m’a obligé à plus d’arrêts et/ou des arrêts plus longs que prévu j’ai une bonne heure de retard sur mon programme. C’est donc de nuit que je vais franchir les gorges de l’Ardèche.
Je profite du troisième contrôle, Vallon-Pont-d’Arc (Km 294), pour prendre un thé et m’habiller plus chaudement. En effet, les nuits sont fraîches et humides.
Encore 34 kilomètres et me voilà enfin à l’Etap-Hôtel d’Aubenas où j’ai réservé une chambre.

Dimanche 12 septembre 2010, deuxième étape
Dans mon plan de route j’avais prévu de repartir d’Aubenas à 05h00. Arrivé plus tard qu’escompté à l’hôtel, j’ai décidé de repousser mon départ pour tenir compte de la fatigue du premier jour. Ainsi c’est à 05h00 que j’ai mis le réveil, pour un départ 45 bonnes minutes plus tard (le temps de prendre une douche pour me réveiller, de tout remballer, de m’équiper pour la fin de nuit, etc…)

Préparation du vélo à Aubenas

Aubenas est à 280 m d’altitude, il va falloir s’élever pour passer le col d’Auriolles (495 m) et surtout le col de l’Escrinet (787 m) avant de redescendre sur Privas.
Dans l’ascension du col de l’Escrinet, alors que le jour n’est pas encore levé, vacarme devant moi : un énorme sanglier traverse la route et part se réfugier dans le talus de l’autre côté. Assez impressionnant ! L’appareil photo était encore dans le sac du fait de la nuit, je n’ai pas d’image de la bête. Mais un article paru dans le Monde du 16 septembre semble indiquer qu’il va falloir s’habituer à se genre de rencontre…

Le Monde du 16 septembre 2010, Sangliers

Col de l'Escrinet

Sitôt le col passé je fonce sur La Voulte-sur-Rhône, quatrième contrôle (Km 376) heureusement situé à 96 m d’altitude. Ça descend donc !

La Voulte-sur-Rhône

À la Voulte je trouve un café dont la terrasse jouxte judicieusement une boulangerie. L’occasion de faire tamponner ma carte tout en prenant un bon « petit »-déjeuner !

Ce moment agréable est aussi l’occasion d’intenses cogitations. Je n’ai validé ce contrôle qu’avec 3 minutes d’avance… La difficulté est de rejoindre Briançon (Km 647) en restant dans les temps. En chemin un certain nombre de cols nous attendent (dont le Lautaret, 2057 m). Après Briançon les contrôles intermédiaires sont basés sur une moyenne inférieure et, normalement, le plus dur est passé. Seulement je me sens bien fatigué. Manque de sommeil (la nuit avant le départ n’a pas été terrible) et la chaleur de la veille m’a bien « séché ».
Que faire ? Continuer sans tenir compte des délais, couper le circuit pour aller de Die à Digne sans passer par Vizille, Lautaret, Briançon ? Ce qui est une façon d’abandonner…
Je cogite en enchaînant les grands cafés et les croissants, me laissant aller au plaisir de ce petit-déjeuner sur une terrasse ensoleillée lorsque arrivent Jean-Philippe et « Joseph le Californien ».

Nous repartons tous les trois ensemble, direction Die.

Passage du Rhône à La Voulte

En arrivant à Die, Jean-Philippe s’arrête net devant une cave de dégustation de Clairette ! Il veut faire goûter celle-ci à Joseph qui ne connait pas. Un bon moment de convivialité !

Un petit verre de Clairette !

(© Jean-Philippe Battu)

A Die nous faisons une pause dans un café, histoire de nous désaltérer, de refaire le plein des gourdes en eau fraîche et de déguster un bon cornet de glace !
Cet arrêt rafraîchissant m’aura fait du bien. En arrivant je ne rêvais que d’aller me coucher !

Puis c’est le départ pour l’ascension du col de Grimone…

En voyant le panneau indiquant que le col de Grimone est ouvert, je dis en plaisantant à Jean-Philippe : « dommage ! »

Col de Grimone ouvert !

Le passage, superbe, des gorges du Gats :

Les gorges du Gats

Au kilomètre 462 nous arrivons à Glandage (858 m)…

Et l’aventure continue, en direction du col de Grimone…

… que nous finissons enfin par atteindre :

Puis le col de la Croix Haute (après être redescendu à 1000 m), où notre trio est rejoint par Jean-François, seul rescapé des vélo-couchés :

On poursuit en direction de Mens, cinquième contrôle.

Le passage du col du Banchet (900 m) :

Et enfin, Mens (Km 499, altitude 775 m), cinquième contrôle :

Là encore, ce contrôle est l’occasion d’un intense debriefing. Il est prévu qu’Isabelle, la compagne de Jean-Philippe nous ravitaille à Vizille (contrôle suivant – le règlement n’autorise une éventuelle assistance extérieure que lors des contrôles).
Joseph décide d’abandonner et de prendre le train à Grenoble pour rentrer à Toulon. Jean-Philippe et Jean-François veulent tenter l’ascension du Lautaret de nuit pour arriver coûte que coûte à Briançon.
J’ai envie de continuer mais me demande comment je vais pouvoir grimper là-haut ce soir sachant que je tombe de sommeil…
Finalement nous repartons tous les quatre. Isabelle va venir à notre rencontre pour « récupérer » Joseph puis ira nous attendre à Vizille pour le ravitaillement prévu. Joseph dormira ce soir à Grenoble et prendra le train pour Toulon demain.

En arrivant à La Mure je me dis qu’il n’est pas raisonnable de continuer à rouler de nuit en étant aussi fatigué. Par chance, au moment de sortir de la ville je vois une pancarte providentielle sur une façade :

Le temps de trouver l’entrée, Jean-François qui était derrière moi arrive. Je l’informe de ma décision de dormir là. J’envoie un sms à Jean-Philippe parti devant « Désolé JP de te lâcher comme ça mais je n’en peux plus. Je suis en chambre d’hôtes à La Mure. Il y a un car pour Gap ».
La jeune femme qui tient la chambre d’hôtes accepte de me préparer un plateau repas, accompagné d’une Pelforth brune…

Après une bonne douche, le lit confortable sera vraiment réparateur.

Alors que la veille au soir j’avais demandé jusqu’à quelle heure on pouvait déjeuner, je suis réveillé bien plus tôt, en forme, et commence à trépigner car du coup, je suis le seul debout !
Je prends une bonne douche, prépare mes affaires, ma décision est prise : je continue ! Je suis venu pour un parcours extraordinaire, et là je n’ai pas été volé ! Autant l’idée de gravir le Lautaret (70 Km d’ascension de nuit) et de redescendre tombant de sommeil sur Briançon me rebutait la veille au soir, autant maintenant j’ai hâte de profiter de ces paysages de jour.
J’envoie un sms à Jean-Philippe « Après une nuit à La Mure, je continue ! Au moins je verrai le Lautaret de jour ! HD mais heureux ! Bonne réussite à toi !!!! Roland »
En retour, Jean-Philippe m’annonce « super mais ai arrêté à Vizille. Bonne route ».
J’apprendrai que Jean-François a continué seul après Vizille, qu’il a réussi a atteindre Briançon malgré la fatigue et le sommeil, pour finalement abandonner.
Je me félicite d’avoir retenu la leçon de l’an dernier lorsque je m’étais lancé de nuit dans l’ascension du col de la République où j’avais fini par rester cloué par un violent orage. Je m’étais dis « ne jamais prendre le risque de devoir dormir en pleine montagne. Plutôt dormir quelques heures dans un lit et n’attaquer l’ascension qu’une fois un tant soit peu reposé ».

Pour l’instant je profite d’un bon petit-déjeuner :

31 kilomètres plus loin me voilà à Vizille, 6ème contrôle (Km 549, altitude 279 m) :

Il nous était conseillé de pointer notre carte chez « Lili Croustille » boulangerie ouverte même le dimanche, et judicieusement placée sur notre route. Inutile d’aller se perdre en centre-ville. Je profite également du contrôle pour me charger de victuailles : sandwich corse, jambon-beurre et quiche lorraine. Une virée gastronomique. Coca pour l’exotisme !

Je garde le jambon-beurre pour un peu plus tard.
Enfin, pas trop. Je le mange à Bourg-d’Oisans (Km 581, altitude 720 m)

Alors que je continue de monter direction le barrage du Chambon (mais non, pas du Jambon, du Chambon !!!) je double un cyclo équipé d’une sacoche et qui a l’air plutôt cuit (comme moi sûrement). Au moment de le dépasser je lui pose la question fatidique : « tu es du 1000 ? ».
« Oui », me répond-il, « je continue pour le fun ! ».
Super ! Nous sommes encore au moins deux à nous accrocher…

Peu après c’est le barrage du Chambon (altitude 1044 m)…

Ah la couleur des lacs de montagne :

Et l’ascension continue.

Et, enfin, le Lautaret :

Le Lautaret est un carrefour. Ici arrive également la route qui redescend du Galibier :

En 1985 (p***** 25 ans !) lors de mon tour de France j’étais arrivé par là (col du Télégraphe, du Galibier, Briançon, l’Isoard…).
Bon, continuons ! La nostalgie de demain est devant nous !
Quel bonheur de descendre jusqu’à Briançon :

Briançon (Km 647, altitude 1265 m), contrôle n°7.
Je fais tamponner ma carte et en profite pour manger un croque-monsieur.

Mon intention, maintenant que le programme est tout chamboulé est d’atteindre Embrun (Km 696) et d’y dormir.
Les cinquante kilomètres que cela représente sont rapidement parcourus. En entrant dans la ville j’aperçois un hôtel-restaurant, je m’y présente. Pas de problème pour obtenir une chambre avec douche et WC, d’y monter mon vélo et le cuistot qui s’apprêtait à plier boutique accepte de me préparer un plat du jour ! Et en plus il y a de la Leffe à la pression ! Vive l’aventure !

Du coup, je complète avec un petit dessert…

Mardi 14 septembre 2010

Le réveil est calé pour un départ d’Embrun à 05h00.

Je commets l’erreur de partir un peu trop légèrement vêtu. Embrun est à 869 m d’altitude et les 100 prochains kilomètres oscillent entre 900 et 1300 m. Et les nuits en montagne sont fraîches et humides.
Je fini par m’arrêter au bout d’une trentaine de kilomètres pour enfiler chaussettes de laine, veste et gants.
En arrivant au col Saint Jean (1333 m) un café semble ouvert. Je m’arrête pour deux grands cafés accompagnés de brioches tirées de mon sac. Quelles chance ! Je n’espérais pas pourvoir trouver un bistrot ouvert si tôt en montagne.

La route pour Digne-les-Bains nous fait franchir encore d’autres cols :

Puis c’est la descente sur Digne (Km 791, altitude 600 m).
Je profite de la ville pour un ravitaillement rapide et me changer car maintenant il fait très chaud et la route va remonter.

Le col de l’Orme, Km 800 :

J’arrive enfin à Saint-André-les-Alpes, 8ème contrôle (Km 833, altitude 889 m).
J’étais passé à St-André l’an dernier lors de mes diagonales Brest-Menton et Menton-Brest. C’était même un point de contrôle lors de cette dernière.
Je vais donc droit vers la terrasse du café où je m’étais arrêté l’an dernier. Mais en un an tout a changé… le type sympa est remplacé par une bonne femme : « non, il n’y a rien à manger », « non, je n’ai pas de tampon », « oui, mais non, on a changé de gérant ».
Dans ce cas je vais voir à la pizzeria à côté.

Je valide mon contrôle et du coup commande une pizza « Moriez » (le nom du village 4 Km avant St-André), pizza mexicaine !!!
Et une grande bouteille d’eau minérale gazeuse. « Une grande bouteille, vous êtes sûr ? », « Ne vous inquiétez pas, ça ne me fait pas peur ». Rire de la dame à la table d’à côté.

Je repars pour le barrage de Castillon. La couleur du Verdon est toujours aussi extraordinaire :

Le barrage de Castillon :

Une inscription sur le barrage qui pourrait très bien s’appliquer au cyclisme sur longues distances :

Maintenant je file sur le 9ème et dernier contrôle intermédiaire.

Ponts-de-Soleils, Km 866, altitude 652 m :

J’arrive à Carcès (Km 948, altitude 131 m), 9ème et dernier contrôle avant l’arrivée.
À Carcès il y a de très jolies façades peintes. Mais les photographier de nuit au flash, ca ne leur rend pas justice. Il vous faudra donc attendre la prochaine édition pour les voir en photo sur ce site !

La partie Carcès – La Garde est la seule que j’aurais finalement trouvé interminable. Il fait nuit noire. Carcès est à 131 m et La Garde à 35 m et pourtant je n’en fini pas d’osciller autour des 200 m d’altitude. Mais quand vais-je enfin descendre ?
Bon, tout a une fin, et me voilà enfin devant la boîte aux lettres du « Triple Plateau Gardéen », club organisateur.
Même si j’ai dépassé le délai accordé je remets tout de même ma carte. Je n’ai pas abandonné, j’ai suivi l’intégralité du parcours prévu. Je suis arrivé avant minuit (de peur que mon vélo ne se transforme en citrouille !).

Bilan personnel

Cette épreuve est certes exigeante physiquement, mais nous le savions avant le départ. On ne part pas pour un parcours de 1005 Km de montagne en s’imaginant que « ça va être du gâteau ».

Le parcours est vraiment magnifique. Je m’en suis mis « plein les mirettes ».

Je n’ai pas tenu le délai des 75 heures mais j’ai du mal à être déçu lorsque je me revois à l’hôpital en avril, sous morphine, après mon opération de l’épaule.
Je suis rentré à Brest le 16 septembre au soir. Le 17 j’avais une nième séance de rééducation à l’hôpital. « De toute façon, dites vous que vous en avez encore pour un an avant de retrouver une mobilité normale de l’épaule » me dira la kiné…

J’ai connu une « surchauffe » des tendons des genoux sur la fin mais quelques jours après l’arrivée tout va bien. Heureusement, car le 26 septembre prochain je pars pour 3100 Km : Brest-Strasbourg, Strasbourg-Perpignan, Perpignan-Brest…

Sophie Matter annonce que la deuxième édition du « 1000 du Sud » aura lieu l’an prochain du 15 au 18 septembre 2011 au départ de Carcès.
Pour septembre 2011 j’ai déjà un projet bien précis… mais plus j’y pense plus celui-ci me semble compatible avec une participation à la deuxième édition du « 1000 du Sud »…

Le récit (en anglais) de Joseph, Randonneur de San Francisco