28 Juin2010
 

En 2011, du 21 au 25 août aura lieu le 17ème Paris-Brest-Paris (PBP). Au cas ou l’organisation se verrait dans l’obligation de limiter le nombre d’inscriptions, une priorité sera accordée aux personnes ayant réalisé des brevets en 2010. Plus le brevet réalisé en 2010 sera long, plus tôt on pourra se pré-inscrire en 2011 pour le PBP.

Du fait de la fracture de mon épaule j’avais interdiction de reprendre le vélo jusqu’au 24 juin. À cette date tous les brevets de 200, 300 et 400 Km avaient déjà eu lieu. Ne restait en France qu’un brevet de 600 Km, au départ de Brest le weekend du 26-27 juin. Après cela, il n’y aurait plus que des brevets de 1000 Km…
Lorsque le chirurgien m’annonce le 24 juin que je peux reprendre le vélo « prudemment », il m’est évident qu’il me faut réussir le brevet de Brest pour m’assurer une inscription au Paris-Brest-Paris de 2011 (sous réserve de réalisation des brevets qualificatifs de l’an prochain).

Au départ d’un brevet de 600 Km, qui plus est fin juin, les cyclos ont en général plusieurs milliers de kilomètres au compteur. Souvent dix fois cette distance.
Dans mon cas, en additionnant VTT et vélo de course, j’atteins 217 Km… Est-ce bien raisonnable ?
Si mon entrainement se résumait à ce chiffre, la réponse est clairement NON. En réalité, si j’ai très peu de kilomètres sur route, je cumule un grand nombre d’heures d’entrainement « indoor » sur mon ergomètre. L’occasion de vérifier l’efficacité de ce type de préparation.

26 juin 2010 BRM 600 Km de Brest

Le départ à lieu à la maison de quartier de Lambézellec à Brest, à 06h00 le samedi 26 juin.
Pour un brevet de 600 Km nous disposons de 40 heures maximum soit jusqu’au dimanche 27 à 22 heures.

J’arrive quelques minutes avant le départ, le temps de sortir le vélo de mon véhicule, de remplir la feuille d’inscription et c’est parti !
Les autres participants partent groupés. Connaissant bien la région je prends mon temps, j’aime bien rouler seul. Nous avons 600 kilomètres à faire, mon objectif est de valider ce brevet, non de faire un temps. Je préfère ménager mon épaule.

La première étape (Brest – Carhaix, 90 Km) m’est archi-connue: Guipavas, Landerneau, Sizun, le Roc’h Trévézel, Huelgoat…
Arrivé au Roc’h Trévézel, peu après 08h00, je bats mon record de distance de l’année : 54 Km ! Le temps est superbe, la journée s’annonce chaude.

Vue du Roc'h Trévézel

À Carhaix, premier contrôle que je valide dans une boulangerie en achetant un gros sandwich jambon-fromage. Je le complète par un coca et refait le plein de St-Yore à la supérette jouxtant la boulangerie.
857 m ont été gravis pour atteindre Carhaix soit un dénivelé de 952 m / 100 Km.

Carhaix, premier contrôle

Ce samedi était organisé également une manifestation cycliste, la « Pierre le Bigaut », 18ème édition d’une manifestation de masse (6857 participants cette année sur différentes distances) dont la principale vocation est d’aider la recherche sur la mucoviscidose. Le problème est que notre parcours s’emmêle dans ceux de cette manifestation. Impossible de rejoindre Maël-Carhaix par la route prévue qui est à contre-sens de la manifestation ce qui oblige à un détours. Parfois on se retrouve au milieu des participants et il faut de la persuasion pour expliquer aux bénévoles (ou aux gendarmes) lorsqu’à un carrefour on quitte le troupeau…
Par chance (et grâce au GPS) cela ne me coûtera que 2 Km de supplément.

Le contrôle suivant, Corlaix (Km 134) se fait dans une petite supérette. J’en profite pour refaire le plein d’eau et me ravitailler.
Le dénivelé depuis le départ est de 1307 m soit pour cette étape de 44 Km : 1023 m / 100 Km.

Il fait maintenant très chaud (30°). Par chance nos petites routes nous amènent régulièrement dans des passages ombragés.

J’arrive au troisième contrôle, à la Trinté-Porhoët (Km 190) peu après 15h00. Là encore une supérette me permet de refaire le plein d’eau et le patron me propose de me faire un sandwich.
Je continue donc d’appliquer mon principe : boire régulièrement à vélo et m’alimenter à l’ombre lors de chaque contrôle, en n’absorbant que des aliments « normaux » (à savoir pas de produits « pour sportifs » toujours trop sucrés à mon goût).

Dénivelé depuis le départ 1919 m soit pour cette 3ème étape de 56 Km : 1093 m / 100 Km.

La quatrième étape nous mène à Bécherel, le point le plus à l’est de notre parcours. Cette étape de 56 Km sera la plus dure. Malgré la quantité d’eau absorbée depuis le départ (plus de 8 litres) je suis déshydraté. Cette partie très peu ombragée expose tout à la fois à la chaleur et au vent de nord-est quasiment de face. J’ai vraiment l’impression de me trainer. J’ai hâte d’atteindre ce quatrième contrôle pour pouvoir absorber une boisson fraiche et non de l’eau chaude au goût de plastique. Je compte aussi sur une baisse de la température en soirée et, avec la route qui passe cap au sud direction Redon, bénéficier d’un vent enfin favorable.

Bécherel est un charmant village, connu pour ces librairies. J’y suis vers 18 heures.

Contrôle de Bécherel

Une bonne pause, de la menthe à l’eau bien fraiche et, là encore, une supérette pour refaire le plein de St-Yore.
J’achète une carte postale au cas ou j’arriverais trop tard à Redon pour trouver un commerce encore ouvert.

En arrivant à Bécherel je comptais sur le miracle bien connu des contrôles : une petite pause, un ravitaillement succin et comme par enchantement on passe de l’état « exténué » à l’état « bon pour la route ». Il était de toute façon hors de question de s’arrêter si tôt. Je n’en suis qu’à 246 Km, la moitié n’est pas encore atteinte.
Total des montées : 2367 m. Soit pour cette étape de 56 Km : 800 m / 100 Km.

À 21h50, en sortant de Guer je « cabane » : Km 300. Inutile de faire demi-tour, il y a maintenant autant de kilomètres derrière que devant !

Finalement ma petite pause à Bécherel m’a permis d’atteindre Redon avant minuit (23h45 en fait) et donc de valider ce 5ème contrôle dans un bar encore ouvert.
J’en suis au kilomètre 332 pour un dénivelé total de 3019 m. Soit une étape de 86 Km avec un dénivelé de 758 m / 100 Km.

Le prochain contrôle n’est que dans 170 Km. Je décide de sortir de Redon et de profiter de cette belle nuit sèche et tiède pour faire un petit somme à la belle étoile, ou plutôt à la pleine lune.
Je repère un champ un peu masqué de la route par un bosquet, et m’installe pour une bonne « sieste ». J’enfile tous mes vêtements, me roule dans ma couverture de survie et règle le réveil sur 04h30.
En fait je vais très bien dormir malgré les conditions spartiates de mon « campement » à même le sol et me réveiller tout seul à 03h30. Je décide de repartir sans attendre. Je me sens reposé et me dit qu’il vaut mieux garder cette heure de gagnée pour l’après-midi qui risque d’être encore bien chaude.
Alors que je commence à ranger mes affaires je vois passer sur la route un cyclo. Il est toujours magique de voir un cycliste en pleine nuit : pas un bruit, juste un puissant éclairage à l’avant et un clignotement rouge à l’arrière.

Une fois revenu sur la route je me demande si je rattraperai le gars que j’ai vu passer un peu plus tôt. Mine de rien il s’est écoulé un certain temps entre son passage et mon « re-décollage ».
Je n’en fais pas un objectif. L’essentiel étant de rouler à son rythme.
Mes trois heures de sommeil m’ont fait du bien, malgré tout je prendrais bien un grand café. Ça ne sera pas pour tout de suite évidemment. Il n’est que 04h00, j’ai hâte de tomber sur le premier troquet ouvert…
Je me mets progressivement à fantasmer de plus en plus sur un bon café et une paire de croissants…
Soudain, au détour d’un virage, je perçois furtivement un feu rouge au loin. Est-ce mon cycliste de tout à l’heure ? Si je le rattrape c’est que je roule plus vite que lui. Voilà une motivation qui va me détourner un peu l’esprit de mes viennoiseries…
Je finis par le rattraper. Lui ne s’est pas arrêté pour dormir… Nous allons rouler de concert pendant un certain temps.

À partir de 06h00 je compte sur l’ouverture des bistrots. Malheureusement les villages que nous traversons sont totalement endormis. Je commence à me faire à l’idée qu’il me faudra tenir jusqu’à 07h00…
Décidément nous sommes dans des contrées de lève-tard… bientôt 08h00 et toujours rien d’ouvert…
En arrivant à Pluméliau (Km 420) nous tombons sur un camping-car à l’arrêt entouré de quelques cyclos. Ils sont sur le même brevet que nous mais ont leur assistance… Ils sont en train de prendre leur petit déjeuner… Mon compagnon de route leur demande s’ils n’auraient pas du café à offrir et c’est bien volontiers qu’ils nous en proposent avec du pain d’épice.
En fait je suis le seul à accepter, mon collègue préférant déjeuner avec… des boîtes de sardines et de maquereaux sorties de ses sacoches… Personnellement, l’idée de déjeuner avec du maquereau… non je préfère de pas y penser…

Après avoir apprécié un gobelet de café et une tranche de pain d’épice je repars pour quelques dizaines de mètres, 08h00 sonnent et une supérette est en train d’ouvrir !
J’en profite pour m’acheter des sandwiches et du coca que je consomme immédiatement en guise de petit-déjeuner, ainsi que de la Saint-Yore pour refaire le plein de mes bidons.

Rassasié et ragaillardi par cet arrêt profitable, je me sens d’attaque pour rejoindre sans souci le contrôle suivant, le 6ème : Coray.
Il fait à nouveau très chaud. C’est avec plaisir que je profite du contrôle pour me désaltérer de menthe à l’eau bien fraîche.
Il est 13h00. J’en suis à 501 Km et 4557 m de dénivelé depuis le départ, soit pour les 169 Km de l’étape Redon-Coray : 910 m / 100 Km.

Une bonne menthe à l'eau bien fraiche !

Plus qu’une centaine de kilomètres, normalement c’est bon…
En attendant il fait vraiment très chaud et la route est particulièrement casse-pattes puisque de Coray nous rejoignons le Roc’h Trévézel mais en redescendant d’abord pour franchir la vallée de l’Aulne.

En chemin, sachant que j’ai de la marge, je profite d’une aire de repos pour m’octroyer un petite sieste à l’ombre…
(…)

17h45, Sizun, dernier contrôle avant l’arrivée. Encore une bonne menthe à l’eau bien fraîche.
Km 565, 5260 m de dénivelé depuis le départ soit pour ces 64 Km : 1098 m / 100 Km.

Sizun, dernier contrôle avant l'arrivée !

Les 41 derniers kilomètre se feront avec comme seul souci la circulation de ce dimanche soir. Tous les radars étant sur les voies express, les automobilistes s’en donnent à cœur-joie sur les départementales…

C’est à 20h15 que je boucle ce brevet, avec 606 Km et 5627 m de dénivelé soit 929 m / 100 Km pour l’ensemble du parcours (895 m / 100 Km pour la dernière partie Sizun-Brest).

(…)

01 Nov2009
 

Novembre 2008, je me rends à la rencontre des diagonalistes à Guipavas (29), à quelques kilomètres de chez moi. La bonne ambiance de cette soirée, les anecdotes des diagonalistes de l’année, débutants ou multi-récidivistes, confortent mon intuition, je veux en être!
Bien, reste à choisir par quelle diagonale commencer. Compte-tenu de mon domicile, le départ sera Brest, mais l’objectif ? Strasbourg, Menton ou Perpignan ?

Pour l’été 2009 mon épouse et moi avons décidé de passer nos vacances dans les Hautes-Alpes. Je choisis donc de commencer par Brest-Menton, certes la diagonale la plus longue mais le problème du retour est résolu, après Menton je n’aurai qu’à rejoindre notre lieu de vacances.

La diagonale choisie, commence la phase de préparation de l’itinéraire.
Pour la première partie je choisis pour quitter la Bretagne de m’inspirer du trajet de Paris-Brest-Paris, privilégiant les petites routes sans circulation, même si leur profil est un peu « casse-pattes »…
De même, pour l’arrivée sur Menton, je souhaite avant tout éviter la circulation de la côte et choisis l’option col du Turini, Sospel et arrivée directe à Menton par la montagne.
Entre les deux ? Une trajectoire Angers, Moulins, Saint-Étienne, Valence.

Pour le découpage en étapes, je choisis de « mettre le paquet » sur les deux premières afin d’avoir des étapes plus courtes sur la fin, d’autant qu’il y a vingt ans que je n’ai pas gravi un col à vélo…

Mon dossier envoyé à la Fédération  fixe le départ au dimanche 12 juillet à 05 heures et prévoit les étapes suivantes (pour un total de 1 385 Km) :

Brest Angers : 355 Km
Angers Moulins : 356 Km
Moulins Valence : 269 Km
Valence Saint-André-les-Alpes : 249 Km
St-André Menton : 156 Km

Si cette diagonale n’a pas été réussie, elle a par contre été très instructive.

Arrivé dans les Alpes en retard sur mon programme et avec une douleur au tendon d’Achille j’ai préféré mettre la cap sur mon lieu de vacances (Saint-Léger-les-Mélèzes, au nord de Gap) plutôt que de continuer vers Menton. Tout de même 1 170 Km et une mine d’informations enregistrées sur mon dictaphone, informations qui après analyse me permettront deux mois plus tard de tenter avec succès une « promenade » Brest-Menton-Brest.
Loin d’avoir été abattu ou dégoûté par cet « échec » je décide très rapidement de remettre l’ouvrage sur le métier. Le plus tôt sera le mieux, puisque mon programme pour 2010 est déjà bien chargé en projets, pourquoi ne pas retenter tout de suite cette diagonale?

L’analyse de ma tentative de juillet montre que je n’avais pas assez intégré le côté « contre la montre » d’une diagonale mais aussi que malgré le retard pris sur mon programme, la réussite aurait été malgré tout encore possible. De même, les quelques cols gravis (col de la République, col de Cabre, col de Manse) sans soucis me confirment que je n’ai aucune raison de modifier ma route et je décide donc de maintenir l’arrivée sur Menton via le col du Turini.

La question qui se pose cette fois est le problème du retour. Honnêtement, et je ne dis pas ça pour jouer les matadors, mais l’idée de « remonter » à Brest par le train m’apparaît plus pénible que celle de tenter la diagonale retour, à savoir Menton-Brest. Certes, enchaîner BM et MB, qui plus est par un débutant, et deux mois après avoir échoué, peut paraître fou, mais les diagonales ne sont-elles pas le domaine des Fous ?

Aussitôt rentré chez moi je m’attelle donc à l’étude du parcours « retour ».
Si je souhaite à tout prix éviter la côte pour mon arrivée sur Menton, je me dis qu’en repartant un dimanche à 4h00 du matin en octobre je devrais être tranquille de ce côté là. Et puis en calant mes dates autour de la pleine lune, quel magnifique spectacle ce doit être que de contempler la Méditerranée seul sur son vélo en pleine nuit…
Le départ de Menton se fera donc en jonglant avec la moyenne et la haute corniche pour rejoindre Nice via La Turbie et le village d’Èze.

De même pour des raisons de découpage des étapes, au centre de la France je ferai escale à Vichy (rajoutant le col du Beau Louis à mon trajet) et non à Moulins comme à l’aller.

En Bretagne je passerai par Ploërmel pour ma dernière nuit, ne laissant qu’une étape de 200 Km pour le dernier jour.

Enfin, pour mon arrivée sur Brest je trouve plus excitant de rejoindre ma ville de départ en franchissant le pont Albert Louppe et en longeant la rade plutôt que de passer par l’intérieur des terres (Guipavas-Landerneau) comme à l’aller.

Pour les dates: du 27 septembre au 1er octobre pour BM et du 04 au 08 octobre pour MB, soit deux jours de repos à Menton et des dates bien calées autour de la pleine lune, pas tant pour la lumière que pour sa compagnie agréable lors des longues heures de nuit en solitaire. En effet, partir en cette saison implique de rouler de nombreuses heures de nuit, puisque par rapport à juillet il faut compter avec quatre heures de jour en moins.
Le trajet de ces deux diagonales sur la carte de France :

En bleu Brest-Menton, en rose Menton-Brest

En bleu Brest-Menton, en rose Menton-Brest

27 septembre – 1er octobre : diagonale Brest – Menton.

Dimanche 27 septembre, Brest – Angers (356 Km).

Un peu avant 05h00, heure prévue pour le départ, je retrouve au commissariat de Brest Vincent, membre du forum des longues distances, que je connais virtuellement depuis la préparation de PBP 2007 mais que je n’avais encore jamais rencontré dans la « vraie vie ». Vincent est également attiré par les diagonales, il a en tête de se lancer en 2010 dans Brest-Perpignan, aussi est-il venu m’accompagner sur les premiers kilomètres, histoire de voir comment cela se passe.
La policière de garde ce matin-là connaît son affaire, tout de suite elle me demande si je pars ou si j’arrive, me tamponne rapidement mon carnet et me souhaite bonne route.
Ça y est, c’est reparti, espérons que cette fois sera la bonne.
Pour l’instant soyons vigilants, le dimanche à cette heure-ci, les rues sont bien encombrées de canettes brisées…
Landerneau, Km 21, je poste ma carte « départ », Vincent me quitte, je pars à l’assaut de mon premier col, le Roc Trévézel et ses 349 mètres…
La première partie de mon périple emprunte à peu de choses près les routes du PBP 2007. Des routes très tranquilles mais très « casse-pattes » et surtout réclamant une certaine vigilance sur le plan de la navigation…
Mon premier contrôle est à Loudéac, Km 157. J’y arrive avec une bonne heure d’avance. Il faut dire que cumulant diverses activités je suis toujours prêt au dernier moment et pars avec très peu d’heures de sommeil derrière moi. Je me suis donc fixé comme objectif de prendre le plus d’avance possible avant d’être rattrapé par le manque de sommeil.
Je profite du contrôle de Loudéac pour manger un bon jambon-beurre et prendre un grand café.
Alors que je me prépare à repartir je vois un grand cycliste descendre de sa machine. Je le repère tout de suite car dépassant comme moi le mètre quatre-vingt-dix nos machines sont un peu « disproportionnées » par rapport à celles que l’on a l’habitude de voir… Les grands ne sont pas très nombreux et celui-là n’est autre que Jean-Louis, un autre compère du forum. Un sacré coup de chance que l’on se rencontre puisque, au lieu de m’attendre à la sortie de Loudéac, Jean-Louis n’a pas hésité à traverser la ville, passant par hasard devant le bistrot où je me suis arrêté. Heureusement il a facilement repéré mon vélo et ses deux plaques « Brest-Menton », « Menton-Brest ».

Bon, il est temps de repartir, il me reste encore tout de même 200 Km à parcourir pour cette première étape évaluée à 355 Km.
Ayant repris mon parcours de juillet, j’ai maintenu comme deuxième  contrôle Guichen même si à ma première tentative je m’étais retrouvé dans une ville morte, pas le moindre café ouvert pour valider mon carnet. J’avais mis ce fait sur le compte du mois de juillet et des congés annuels. Et bien non, même fin septembre, impossible de trouver quoi que ce soit d’ouvert. Ou plutôt aurait-il mieux valu qu’il en soit ainsi. En effet un commerce est ouvert, un marchand de pizzas à emporter, avec une table sur le trottoir. Pour la boisson c’est coca ou cola. Je décide de manger une glace, il est clair que la chaîne du froid n’a pas suffisamment résisté, tous les maillons me tombent dessus à l’ouverture de l’emballage. Et pour couronner le tout, le pizzaiolo prétend ne pas avoir de tampon…

2009 09 27 Guichen (Contrôle n°02)
Beaucoup de temps perdu et pour finir je me prends en photo avec mon vélo au pied du panneau d’entrée de Guichen (16h50, Km 242).

Quelques kilomètres plus loin un monospace me double prudemment, il me semble le reconnaître. Effectivement c’est René Collomb, sariste qui vient m’encourager. Déjà en juillet je l’avais rencontré, son épouse et lui m’attendaient, avec une glacière bien fournie en substances (licites !) rafraîchissantes. Encore merci René.

Mon dernier contrôle du jour n’est autre que mon étape du soir : le Formule 1 d’Angers.
Cette première étape s’achève donc à 23h30 après 357 Km et 3177 m de dénivelé cumulé.

Lundi 28 septembre, Angers – St-Amand-Monrond (282 Km).

Jean-Claude Chabirand qui m’avait hébergé en juillet (absent fin septembre pour cause d’euro-diagonale Perpignan-Malaga avec son épouse Nicole) m’avait prévenu de la difficulté à trouver le Formule 1 d’Angers. En fait je n’ai eu aucun mal à le trouver le dimanche soir, mais le quitter selon la route prévue ce lundi matin est bien plus difficile. Ah ces fichues zones industrielles périphériques et leurs voies express…
J’étais content d’avoir pu maintenir un bon rythme pour la première étape ce qui m’a permis de respecter le temps de repos prévu pour la première nuit. Il faut dire que la deuxième étape est également très longue et c’est généralement le deuxième jour que se paye le manque de sommeil d’avant départ.
Cette diagonale ne fera pas exception, le deuxième jour est le jour « sans ». Pas de « jus », des difficultés à m’alimenter, des nausées… Je ne panique pas pour autant, je n’en suis qu’au début, l’essentiel c’est d’avancer. Je sais que dès que cela ira mieux j’ai les ressources pour rattraper le temps perdu, à condition toutefois de ne pas trop en perdre !
Ce jour-là, Yvan, celui à qui nous devons notre forum sur les longues distances, avait prévu de venir faire un bout de route avec moi. Ayant vu que la veille j’étais très en avance sur mon plan de route il est parti bien tôt ce matin pour ne pas me manquer lors de mon passage au sud de Chinon. Seulement aujourd’hui je suis en retard… Je me suis arrêté à Gennes pour prendre un petit-déjeuner. Il faut dire que je n’ai pas mangé grand chose au cours des dernières 24 heures. Yvan viens donc à ma rencontre et roule avec moi jusqu’à mon contrôle de l’Ile-Bouchard.

Concernant Yvan il faut savoir que non content d’être un Super-randonneur c’est aussi une… supérette ambulante! Il ne se déplace jamais sans des montagnes de nourriture. C’est ainsi qu’il m’offre un croque-monsieur que j’arrive finalement à manger. Voyant cela, Yvan me donne les deux autres qu’il a encore en stock. Il n’en faut pas plus pour voir disparaître petit à petit mes nausées et s’améliorer mon état général. Encore merci à toi Yvan. Voilà un administrateur de site internet qui pousse le service jusqu’à faire 200 Km à vélo pour venir ravitailler un membre de son forum, c’est pas formidable ?!
A l’Ile-Bouchard (11h10, Km 102) je valide ma carte au même bistrot qu’en juillet. La serveuse qui me reconnaît, me demande si je suis sur le chemin du retour…

Yvan, Ravitailleur longue distance !

Yvan, Ravitailleur longue distance !

À Châtillon-sur-Indre (Km 165) je reconnais la place sur laquelle je m’étais octroyé une bonne sieste en juillet, seulement cette fois-ci je décide d’être un peu plus rigoureux, pas question de perdre deux heures. Je m’accorde 15 minutes, pas une de plus, réveil programmé au cas où…

La D943 avant Châteauroux, est vraiment très fréquentée, peut-être un peu moins qu’en juillet où je l’avais vraiment trouvée infernale.
Fidèle je m’arrête à Châteauroux (18h30, Km 214) pour mon contrôle dans le même café qu’en juillet. Là encore, le patron me reconnaît.

Compte-tenu de la première partie un peu laborieuse de cette deuxième étape je décide de dormir à St-Amand-Monrond, mon sixième contrôle. J’y arrive à 23h00 au terme d’une étape de 282 Km, facile en terme de relief puisque ne totalisant que 1217 m de dénivelé cumulé.
D’après ma feuille de route j’aurais dû atteindre Bourbon-l’Archambault ce deuxième soir. J’ai donc raccourci la deuxième étape de 52 kilomètres.

Mardi 29 septembre, St-Amand-Monrond – St-Étienne (264 Km).

Départ à 05h50 ce mardi matin. Je quitte ma chambre d’hôtel située au quatrième étage en empruntant tant bien que mal l’ascenseur avec mon vélo…
L’automne est là, il fait froid et surtout très humide. Les premières dizaines de kilomètres se font dans un brouillard bien dense, m’obligeant à rouler moins vite que je le voudrais pour cause de manque de visibilité.
A l’avant je suis équipé de deux lampes « Cateye », une « HL-EL 300 » qui éclaire plutôt en largeur et une « HL-EL 500 » au faisceau puissant mais étroit. Pour plaisanter j’ai l’habitude de les appeler « anti-brouillard » et « longue portée ». En fait c’est assez proche de la réalité puisque seule la première est utilisée dans ces conditions de fort brouillard, la deuxième créant immédiatement un mur blanc devant moi.
L’humidité est telle que tout ruisselle. Je dois régulièrement essuyer l’écran de mon GPS et le plexiglas de mon road-book déroulant.

Le temps d’arriver à Moulins (10h30, Km 75) le soleil s’est levé et je peux profiter de mon contrôle pour savourer un croque-madame frites sur une terrasse ensoleillée.
Moulins c’est un point important: j’ai franchi la moitié de ma diagonale, j’en suis en effet à 714 Km. Comme d’un autre côté je n’en suis qu’à 46% de mon délai malgré l’étape raccourcie de la veille, je reste confiant.

A Renaison, (16h07, Km 163) pour mon 8ème contrôle je savoure une bonne part de pizza achetée chez le boulanger situé opportunément à côté de « mon » bistrot. En juillet la bâche de la terrasse m’avait permis de m’abriter temporairement de l’orage violent qui sévissait, cette fois c’est du soleil encore bien chaud de cette fin septembre.

A St-Just-St-Rambert (20h45, Km 240) je me dépêche de valider mon contrôle, je souhaite en effet arriver le plus tôt (= le moins tard) possible à St-Étienne.

En juillet j’avais commis une erreur fatale, me lancer dans l’ascension du col de la République malgré l’heure bien tardive et surtout un orage particulièrement violent. Finalement j’avais dû « dormir » tant bien que mal au bord de la route, mal abrité, enroulé dans ma couverture de survie. J’en avais tiré un enseignement, une règle à respecter impérativement : ne pas prendre le risque de devoir « dormir » dans ces conditions. Une douche et deux ou trois heures dans un lit font de vous un homme « neuf », un arrêt de fortune c’est à la fois ne pas avancer et ne pas se reposer.
Aussi cette fois je décide de trouver un hôtel à St-Étienne et de n’attaquer l’ascension du col de la République qu’après quelques heures de repos.

Mercredi 30 septembre, St-Étienne – Sisteron (251 Km).

Le repos aura été bien court mais suffisant pour recharger mes batteries. Même si je suis encore un peu endormi au départ dans St-Étienne, l’ascension du col de la République ne tarde pas à me réveiller complètement. Arrivé bien chaud au sommet, j’ai beau enfiler tous mes vêtements la descente à 50 Km/h sur Bourg-Argental se fait en grelotant terriblement. Pas facile de maintenir la trajectoire. La température ne dépassait pas 5° me dit un routier lors de mon petit-déjeuner durant lequel je tente de me réchauffer en absorbant croissants et cafés, à l’endroit le plus chaud du bistrot.

C’est à 10h00 que j’atteins Valence. Le temps est magnifique, je flirte avec les 1000 Km depuis le départ (996 pour être précis) et même si j’ai quatre heures de retard par rapport à ma feuille de route, je sais depuis juillet que je devrais « me refaire » en montagne.

En passant à Crest je profite de cette ambiance extraordinaire de fin d’été et d’une terrasse judicieusement placée sous les platanes pour me régaler d’un merveilleux plat de lasagnes avec une bonne bière.

A Die j’ai prévu de passer à l’Hôtel des Alpes pour réserver une chambre pour le retour. En effet ma première étape Menton-Brest est censée m’amener jusqu’à Die…
Je connais cet hôtel pour m’y être arrêté en juillet. Les propriétaires sont très sympa, et même si le patron est un motard fan d’Harley Davidson, les cyclistes sont très bien reçus.

A Laragne-Montéglin (19h06, Km 238), pour mon 11ème contrôle j’achète des nems à emporter dans un restaurant chinois, nems que je mange en roulant.

En arrivant à Sisteron, un Etap-Hôtel me tend les bras juste au bord de ma route. Il n’est que 21h00 mais, appliquant scrupuleusement mon règlement (« ne pas prendre le risque de dormir dehors ») je décide de m’y arrêter quelques heures.
Comme on peut le constater, mon deuxième jour commencé « mollement » m’aura conduit à revoir le découpage de mes étapes.

Jeudi 1er octobre, Sisteron – Menton (250 Km).

La dernière étape, celle de montagne, avec en point d’orgue le col de Turini.
Départ de l’hôtel à 02h30, c’est bien tôt mais je ne veux pas prendre le risque de regretter d’avoir fait la marmotte en cas de problème lors de cette dernière étape.
Toujours une nuit très claire, beau ciel étoilé. J’adore rouler de nuit, surtout dans ces conditions-là. D’un autre côté le manque de sommeil se fait sentir et il est temps que le jour se lève, ou tout au moins que les cafés rouvrent…
Coup de chance, à 06h00 pile j’arrive à Barrême, le boulanger est ouvert et 50 mètres plus loin le bistrot ouvre ses portes. Mes croissants et deux grands cafés absorbés je vais pouvoir reprendre ma route « comme neuf »…
À St-André-les-Alpes je passe devant l’hôtel que j’avais prévu d’atteindre la veille au soir, il est 07h20, mon retard sur ma feuille de route n’est donc plus que de 1h20 (et j’ai prévu une marge de 4h00).
Le passage du col de Toutes Aures ne me pose pas de problème particulier et c’est avec 18 minutes d’avance sur mon planning que j’atteins Entrevaux (08h58, Km 119), dernier contrôle avant l’arrivée.
Après Entrevaux, le soleil commence enfin petit à petit à me réchauffer. Le parcours le long de la Vésubie est vraiment magnifique.

Mieux vaut boire ici qu'en face

Mieux vaut boire ici qu'en face

Enfin j’attaque l’ascension du col de Turini. C’est un peu le suspense, nombreux sont ceux qui m’ont déconseillé de finir cette longue diagonale par la montagne. Je monte tranquillement, je suis en avance sur ma feuille de route, laquelle prévoit 4h00 de marge…
En chemin je croise une Ferrari poursuivie par une Porsche… visiblement ces deux-là ont l’air de bien s’amuser… sur le domaine public.
Un peu plus loin c’est un « convoi » d’une douzaine de Porsches flambant neuves, immatriculées en Allemagne qui me croise. Le conducteur de la première, un cabriolet, me fera un grand signe d’encouragement. Séance photo de la marque ? Stage de conduite en montagne pour heureux propriétaires ?
En tout cas il semblerait que ce genre de véhicule soit courant dans le coin…

Gros moteur P'tit cerveau

Gros moteur P'tit cerveau

Plus loin, deux « jeunes » en Audi cabriolet, s’arrêtent pour m’encourager sincèrement. Comme quoi…

Ascension du Turini

Ascension du Turini

Au fil de l’ascension je me rends compte que mon avance grandit et je me paye le luxe d’une petite sieste au soleil sur un parapet.

L’arrivée au sommet est gâchée par un énorme nuage noir qui lui est en train de réussir l’ascension de l’autre face et qui refroidit tout sur son passage. Le temps de boire une grande menthe à l’eau et je repars.

Normalement j’avais prévu de passer par Sospel pour rejoindre Menton. Un effondrement entre Moulinet et Sospel rend cette route impraticable et il me faut passer par Peïra-Cava et enchaîner les cols de l’Orme, de l’Ablé et de Braus.

En passant à Castillon, je poste ma carte postale d’arrivée.

Finalement c’est à xxh40* que je valide ma diagonale Brest-Menton au commissariat.

Total : 1 403 Km et 11 398 m de dénivelé positif cumulé.

Il est temps de trouver un hôtel… dans deux jours je rentre à la maison !

*le règlement des diagonales interdit de publier le temps réalisé. Une diagonale est réussie ou pas.

Samedi 2 et dimanche 3 octobre : Menton.

Je vais mettre ces deux jours à profit pour me reposer, refaire le plein de sucres lents (je crois que j’ai goûté toutes les variétés de pâtes proposées en bord de mer…) et laver mes affaires.
La météo exceptionnelle me poussera à aller acheter un maillot de bain et à profiter de la Méditerranée.

2009 10 02 Bain Menton

Pour rentrer à Brest, cliquez !

Brest

Angers………………. :

355 Km

Angers

Moulins……………… :

356 Km

Moulins

Valence……………… :

269 Km

Valence

Saint-André-les-Alpes.. :

249 Km

St-André

Menton……………… :

156 Km