09 Oct2011
 

Du 15 au 18 septembre, avait lieu la deuxième édition du « 1000 du Sud ».

M’étant régalé lors de la première édition, j’avais décidé de revenir cette année.

Au menu : 1002 kilomètres et 13000 mètres d’ascension à réaliser en moins de 75 heures…

Quelques variations au niveau du parcours par rapport à l’édition 2010, à commencer par le point de départ : Carcès, et non plus La Garde (près de Toulon).

La carte du 1000 du Sud édition 2011

Sophie Matter, à l’origine de cette épreuve formidable, et le club Argens Cyclos Carcès organisent cette deuxième édition.

1000 du Sud 2011 - Argens Cyclo Carcès

Le mercredi 14, possibilité nous était donnée de nous retrouver à 19 heures à la salle polyvalente « Oustaou per Touti » pour un repas en commun.

Nous voilà dans une salle immense séparée en deux par… une série de cibles pour tir à l’arc !

Tout autour de l’estrade, une collection de maillots du monde entier égaille un peu cette vaste pièce.

Une trentaine d’inscrits, un tiers seulement de Français…
Nous sommes exactement trois semaines après Paris-Brest-Paris, cela a dû en refroidir plus d’un, sans parler du taux d’abandon de l’an dernier : 50%…

Sophie nous accueille, nous donne nos cartes de route et le T-shirt de l’édition 2011. Le même que celui de 2010 ? Pas tout à fait… Si le dessin dans le dos est quasiment le même (le jaune « soleil » a remplacé le orange), sur la poitrine apparaît le nom du club de Carcès et le logo du Conseil Général du Var…
Pas de sponsoring commercial tonitruant ici, non, juste l’implication remarquable de quelques bénévoles et d’une commune pour accueillir de façon inoubliable trois dizaines de dingues venus savourer un belle brochette de cols…

Mais pour l’instant nous faisons connaissance ou nous retrouvons les uns les autres. Des « récidivistes », déjà présents l’année dernière ou des « collègues » rencontrés sur d’autres épreuves (brevets, Paris-Brest-Paris, Diagonales…).

Je suis vraiment ravi de revoir Joseph dont j’avais fait la connaissance l’an dernier. Victime malheureusement d’un méchant virus après son Paris-Brest-Paris, Joseph ne pourra pas participer à cette édition du 1000 du Sud, mais il est tout de même venu pour donner un coup de main à Sophie et soutenir Bob, son coéquipier de Vancouver, avec qui il avait prévu de rouler.
J’imagine sa déception de ne pouvoir prendre le départ. Malgré tout il n’a perdu ni son humour ni son sourire. Ni sa serviabilité.

Mein Lieblingsport ist Biertransport

Au menu ce soir… couscous ! Les parts sont copieuses, il y a du rosé, de la bière (même de la brune!) les bénévoles ont le sourire et… nous aussi !
Super ambiance, ça cause allemand, anglais, italien et même… français !
Une belle part de gâteau en dessert.
Pour un peu on oublierait que demain il va falloir s’attaquer à un tout autre menu…
Mais non, petit à petit chacun regagne son lieu de repos. Il y a ceux qui ont réservé à l’hôtel de Carcès, ceux qui dorment sur place sur un matelas de gym. Je rejoins mon fourgon, ma couchette sur mesure m’y attend. À côté, un italien réorganise son break pour s’y allonger.

Cinq heures du mat’, le 1000 du Sud s’éveille.
Les bénévoles se sont-ils couchés ? Toujours est-il que le « petit » déjeuner nous attend. Baguettes, croissants, jambon, omelette…
Nous ne devrions pas mourir de faim ce matin !

Sur le parking de « Oustaou per Touti » la municipalité avait dressé la veille une banderole « Départ ». Nous nous y regroupons. Sophie tamponne nos cartes de route. Le Maire est là. La lune nous observe.

07h00 : c’est parti ! Il fait beau, le fond de l’air est encore frais et humide mais on sent bien que ça ne va pas durer.

Nous traversons la « Provence verte », le relief est modéré, nous sommes pour l’instant à l’abri du vent.
Hier sur l’autoroute, en descendant la vallée du Rhône, je m’étais tout d’abord étonné de la faible consommation de mon fourgon. Jusqu’à ce que je prête attention aux arbres secoués en tous sens par un fort Mistral… Celui-ci me poussait allègrement vers le sud. Aujourd’hui je compte sur le relief pour nous abriter.

Tous les cours d’eau que nous franchissons sont à sec. « Mauvaises » herbes et cailloux emplissent des lits parfois bien larges.

En rejoignant la vallée de la Durance, au niveau de Manosque, le vent défavorable se fait nettement sentir.

Mes gourdes, soigneusement lavées après Paris-Brest-Paris, ont pris le goût du produit vaisselle. Je suis pourtant sûr de les avoir bien rincées. On dirait que la « tétine » est gorgée de ce produit. Cela commence à m’écœurer…

Kilomètre 93, Forcalquier, 1er contrôle.
Je m’arrête sur la terrasse d’une boulangerie-salon de thé. À l’ombre !
Je refais le plein de mes gourdes, mange deux sandwiches, bois un coca et de l’eau gazeuse, sans produit vaisselle !

Je reprends la route. La température continue de monter. La végétation petite et sèche ne nous offre aucune protection.
En chemin j’aperçois un âne dans un champ. Il se tient sagement à l’abri du soleil sous un arbre… Je suis en plein cagnard sur le bitume… Un âne et… un bourricot !

Banon (Km 118). Pas d’âne triste à Banon…
Joie, une magnifique fontaine municipale déborde de fleurs mais surtout d’eau fraîche. Je m’y asperge longuement. J’y trempe mon bandana, rafraîchi mes gourdes.

Un couple de Raymond-Raymonde (c’est comme ça que Stéphane baptise les retraités cyclotouristes) vient me faire la conversation. Évidement Monsieur a déjà tout fait, mais « cinquante kilomètres par jour c’est suffisant si l’on veut bien tout visiter. Et puis je me souviens qu’en… »
Bref j’enfile rapidement mon faciès de breton taciturne, sinon je crois bien que je vais devoir rester là à l’écouter toute la journée ou… le noyer dans la fontaine !

Je quitte à regret toute cette eau fraîche mais suis bien content d’échapper aux « Raymond » !
La chaleur me colle au bitume, l’eau des bidons n’est pas restée fraîche bien longtemps, elle est dégueulasse, cocktail de plastique chaud et de produit vaisselle…

Cependant le paysage est magnifique. Me voilà au belvédère de la Nesque (Km 157). Vue superbe sur les gorges.
En redescendant la route passe sous un certain nombre de courts – et bas – tunnels creusés à même la roche. Dans ce sens leur hauteur va croissant. Il n’empêche que chacun d’eux est précédé du panneau réglementaire : « hauteur limitée à… ». 2,50 mètres pour le premier, 3 mètres pour le suivant et 3,60 mètres pour le troisième… Il me semble que si l’on a réussi à franchir le premier il faut vraiment faire preuve de mauvaise volonté pour se coincer sous l’un des suivants…

Villes-sur-Auzon, Flassan (Km 179) se vantent d’être le « terroir de la cerise ». Il serait temps que je me la refasse… la cerise !

Bédoin, kilomètre 185, 2ème contrôle.
Pas le temps de chercher la fille… Il est urgent de ravitailler le chameau.
Je fais le plein de boissons fraîches à emporter dans une supérette et m’installe à une terrasse de café, à l’ombre de sympathiques platanes pour manger un peu et commander de la menthe à l’eau avec plein de glaçons.
Le cercle vicieux est en route, je le sens bien. Il fait chaud, l’eau des bidons est infecte, je ne bois pas assez, me déshydrate, n’ai pas envie de manger, perds des forces, avance moins vite que prévu…

Col de la Madeleine (Km 191) des plaisantins ont rajouté un « 2 » sur le panneau, propulsant ce petit col sympathique à (2)448 mètres !

À 19h30, à Mondragon (Km 242), je profite d’une pharmacie encore ouverte pour acheter un tube de biaphine. Je crains que le soleil ne me transforme en écrevisse et préfère avoir de quoi lutter en cas de brûlures cette nuit à l’hôtel. Dans la rue, à l’ombre depuis un bon moment compte tenu de son orientation, la pharmacie affiche encore 33,5°…

St Martin d’Ardèche (Km 260), 3ème contrôle.
Je m’arrête sur une terrasse de café. Il fait encore bien chaud, il y a de la musique, des lampions, une ambiance bien sympathique. Je commande un Perrier, me force à manger, m’équipe pour la nuit. Re-plein des bidons.

Il faut repartir. Il reste 70 kilomètres avant Aubenas terme de ce premier jour.
J’attaque les gorges de l’Ardèche.

Dans la nuit j’aperçois au loin ce qui me semble être le feu arrière d’un vélo. Involontairement j’accélère. Le feu est encore loin, la route fait des méandres trompeurs. J’ai beau me dire « roule à ton rythme » la nature prend le dessus et je sens bien que mine de rien je cherche à le rattraper.

Soudain un vélo déboule dans l’autre sens ! Le gars me demande (dans le noir) si je suis X ?! Non, moi c’est Roland ! Le type continue sans ralentir…
Plus loin, sur le bord de la route, une voiture attend avec visiblement un petit ravito de campagne tout prêt… Mais heureusement ce n’est pas pour moi ! Autonomie, autonomie !

La lune se lève enfin, éclairant les gorges de sa lumière si particulière. Elle était pleine le 12 (il y a trois jours). Pour un peu on pourrait la toucher. J’adore rouler de nuit sur des routes désertes avec la lune comme complice.

À Pradons (Km 308) une estafette de Gendarmerie se porte à mon niveau, le passager baisse sa vitre et me demande fort aimablement « dites donc, on voit plein de gens comme vous. Qu’est-ce que vous faites ? » Je lui explique, il me souhaite bonne route et bon courage. Je leur en souhaite tout autant.
Du coup je sais que je suis loin d’être le dernier.

La mairie affiche 26° (il est 23h40). J’avais pourtant l’impression qu’il faisait frais…

Aubenas, (Km 330), 4ème contrôle. Me voici enfin dans ma chambre à l’Étap-Hôtel d’Aubenas.
Je ne perds pas de temps. Une bonne douche et, comme je ne sens pas trop les brûlures du soleil, me couche en sautant l’étape « tartinage ».

Vendredi 16 septembre 2011.
05h00, le réveil sonne. Il est temps de repartir.
Inutile de trop s’habiller, on commence par l’ascension du col de l’Escrinet. (787 m. Aubenas est à 212 m).

Dans l’ascension je mets pied à terre pour boire un coup. Je suis rejoins par Bob le canadien de Vancouver puis deux autres cyclos. Tous me demandent si ça va. OK pas de problème. Quand je pense que deux clubs de vétérans se sont encore « foutus sur la gueule » lors d’un match de foot le week-end dernier…

On se retrouve au col pour la photo du panneau sur fond de lever du jour et pour s’équiper pour affronter le froid de la descente sur Privas.

À Privas (Km 357) je m’arrête prendre un grand café et un croissant (pas terrible). Je ne m’attarde pas.

Saillans (Km 410), 5ème contrôle.
Je connais Saillans pour m’y être déjà arrêté plusieurs fois. Sur la façade du café : « Planchetta à toute heure ». Salivant déjà je passe commande. Ah non, ce n’est pas l’heure ! En gros , « à toute heure » ça signifie de 12h00 à 14h00… Mais je peux aller m’acheter quelque chose à la supérette un peu plus loin et venir le manger en terrasse, me suggère gentiment la patronne. Ce que je fais.
J’ai soif. Très soif. L’impression que je n’arriverai jamais à la combler. Par contre je n’ai pas faim. Or je ne peux envisager de continuer à rouler par monts et par vaux sans manger.
Je me force à avaler une grosse barquette de taboulé. Cela me prend un temps dingue.

En repartant je suis immédiatement cueillis par la chaleur.
Quelques kilomètres après Saillans nous quittons la vallée de la Drôme pour celle de la Roanne. Le paysage est superbe. La route monte, la température aussi !
Au Tavard (557 m) une table en bois, encore à l’ombre, m’appelle. Je m’y allonge de tout mon long, mon « biberon » à la main. Lorsque, soudain : « M*rde ! J’ai oublié de faire tamponner ma carte à Saillans ! ».
C’est la première fois que cela m’arrive. Normalement je commence toujours par valider mon passage en arrivant à un contrôle mais l’épisode de la planchetta ratée m’a fait oublier de tamponner…
(Très) brièvement l’idée de redescendre m’effleure. Puis je me dis que j’ai pris une photo de ma pause au café devant l’église de Saillans, j’ai même mis mon blog à jour à ce moment là. Cela devrait fait l’affaire…

Une belle rafale de cols : col des Guillens (802 m), col du Portail (805 m), col de Vache (887 m), col des Roustants (1028 m).
Au-dessus de 900 mètres la température devient agréable. Paradoxalement, en descente au lieu d’air frais c’est de l’air suffocant qui m’accueille. La sensation de rouler derrière un réacteur d’avion.

Rémuzat (Km 470), 6ème contrôle.
La pharmacie affiche 35° à l’ombre.
Je me force à manger un sandwich.
Du fait de ma déshydratation je manque de forces et roule moins vite que prévu.
M’alimenter m’est difficile et je perds du temps à me forcer à manger, trop peu.
C’est ainsi que je quitte Rémuzat avec deux heures de retard sur mon planning.
Ce retard n’est pas dramatique en lui-même. J’ai de la marge. Ce qui m’inquiète c’est que ce soir j’ai réservé une chambre à Mens (Km 580). Il s’agit d’une auberge de village, j’ai déjà négocié au téléphone, lors de la réservation, une arrivée tardive. Je répugne à l’idée de devoir tirer les gens du lit pour m’ouvrir la porte. J’ai déjà deux heures de retard. Il me reste 110 kilomètres comprenant plusieurs cols dont le col du Festre à 1441 mètres…

En chemin je gamberge sur toutes ces données. Quand je songe qu’initialement jamais pensé ne pas réserver d’hôtel et dormir aux heures les plus chaudes de la journée afin de rouler la nuit. Finalement, au dernier moment j’avais décidé de revenir à un schéma « normal » et réservé à Aubenas (Km 330), Mens (Km 580) et Saint-André-les-Alpes (Km 890).

Il est trop tard pour regretter.

Première chose à faire, annuler ma chambre à Mens. Il est clair que de toute façon j’y serai trop tard. Inutile de la bloquer, elle peut peut-être servir à quelqu’un.

Maintenant il me reste deux options : m’arrêter dormir avant Mens ou décider de rouler toute la nuit. Pour cette dernière option, je suis tellement crevé que je ne peux sérieusement l’envisager. Il aurait fallut le décider plus tôt et faire une bonne sieste lorsqu’il faisait si chaud…

Bref me voilà pris en tenaille entre la nécessité de m’arrêter dormir cette nuit et le fait que si je me lance dans l’ascension du col du Festre je risque fort de ne rien trouver et de devoir dormir dehors sans être équipé pour cela.

Connaissant bien la région je décide de m’arrêter à Serres (Hautes-Alpes), 34 kilomètres avant le col du Festre, et d’y dormir au moins quelques heures.

J’informe Jeff de mon intention de rester dormir ce soir à Serres. Il me propose de venir dormir chez lui à Gap. J’hésite, c’est très tentant, je suis exténué. Mais Gap n’est pas sur la route. Y aller cela signifie abandonner. D’un autre côté, quelques heures de sommeil à Serres suffiront-elles pour me permettre de repartir en bonnes conditions ? De Serres à Briançon il y a 197 kilomètres difficiles. Je n’ai pas très envie de m’y embarquer sans être certain de pouvoir le faire sans risque. Et je ne peut me permettre d’arriver hors délais.
En quelques secondes ma décision est prise : OK je vais dormir chez Jeff ce soir et demain je rejoindrai le parcours au niveau du lac de Serre-Ponçon. Cette fois je raccourcis le trajet mais je maintiens le délai !

Pendant ce temps les affaires continues : col de Palluel (801 m), col de la Saulce (877 m).

Avant Serres, Jeff arrive avec sa voiture. On charge le vélo, il met le cap sur Gap et me dit « je viens de croiser un vélo couché ». Nous le rattrapons rapidement. Il s’agit de Serge que j’avais déjà rencontré l’an dernier lors du 1000 d’Auffay. Il a l’air bien fatigué mais il continue ! Il a tout ce qu’il lui faut, aussi nous ne le retardons pas plus.

Arrivé chez Jeff je prends une bonne douche, j’enfile les fringues les plus grandes qu’il ait à me prêter et avec sa compagne nous allons manger… un couscous !

Samedi 17 septembre 2011.
Ce matin, pas d’affolement !
Maintenant que j’ai transformé ce 1000 du Sud en une randonnée perso, autant bien profiter de cette nuit de repos.
J’ai donc particulièrement apprécié le canapé de Jeff, une bouteille d’eau à portée de main.
Un bon petit-déjeuner et c’est totalement requinqué que je reparts, guidé par Jeff qui m’accompagne pour quitter Gap par la bonne route.
Mon intention : rejoindre le parcours officiel au niveau du lac de Serre-Ponçon (vallée de l’Ubaye).

En bleu : mon parcours pour rejoindre le tracé prévu

Au moment de nous quitter, nous nous prenons mutuellement en photo !

Il fait très beau mais la météo annonce de forts orages…

Lorsque je rejoins le parcours officiel, Le ciel s’est couvert.
Je m’arrête faire des photos de la vallée de l’Ubaye et décide de manger un sandwich.
Soudain un voiture arrive, au moment ou elle passe à mon niveau j’ai l’impression de reconnaitre Ghislaine, la femme de Joseph. Quelques centaines de mètres plus loin la voiture s’arrête et… Joseph en descend !
Il vient à ma rencontre. Ghislaine et lui font le parcours en voiture, réalisant un véritable reportage photo !
Cette rencontre surprise au moment même où je venais de rejoindre le trajet officiel me fait vraiment chaud au cœur !
Ce n’est qu’après que je réalisais que je n’avais malheureusement pas eu le reflex de prendre une photo…

Regonflé à bloc, j’entame l’ascension du col St Jean (1332 m), du col de Maure (1346 m) puis celui du Labouret (1240 m) avant d’arriver enfin à Digne.
Je dis « enfin » car, preuve que tout va bien, je meurs de faim !

Au « Grand Café » je commande une belle part de « quiche tartiflette » et un coca.
Le ciel est dégagé. La terrasse est pleine. Une impression de vacances.
À la table d’à côté, une famille déguste des coupes glacées. Évidemment mon vélo, mon accoutrement et… mon appétit (!) ne passent pas inaperçus… J’entends la plus grande des ados dirent en parlant de ma « quiche tartiflette » : « jamais je pourrais manger un truc pareil à cette heure-ci ! ».
C’est pourtant facile : quelques centaines de kilomètres de montagne à vélo ouvrent l’appétit !

J’hésite à reprendre une autre part de tartiflette… mais la raison l’emporte, je repars.
Bien m’en a pris. Même si c’était délicieux, les premières dizaines de kilomètres vont être un peu plombées par une digestion difficile…

Le ciel se couvre à nouveau. Ça sent l’orage…
Col de l’Orme (734 m) le ciel est bien tristouille.
En arrivant sur Barrême l’ambiance est extraordinaire : le ciel est parcouru en tous sens par les éclairs, le tonnerre se répercute dans la montagne. Impressionnant mais pour l’instant il ne pleut pas…
Je m’équipe pour la nuit car la lumière a bien diminué.
Une fois le col des Robines (988 m) franchi je pénètre dans un brouillard particulièrement dense. Je suis en plein dans les nuages bloqués au-dessus de Saint-André-les-Alpes.
La route est trempée ! Des trombes d’eau ont dû s’abattre avant mon arrivée, le goudron « fume » !
La traversée de St-André est spectaculaire : un train continu d’éclairs. L’éclairage public fonctionne en alternance avec ceux-ci !

À la sortie de la ville j’arrive à mon hôtel. J’ai bien fait de réserver, celui-ci est complet.
Je prends possession de ma (petite) chambre et sans tarder me rends à la salle à manger. Par chance on accepte de me servir encore.
Dehors le déluge se déclenche !
L’hôtel est régulièrement plongé dans l’obscurité… Je ne pense qu’à une chose : « pourvu qu’ils arrivent à faire cuire mes tagliatelles ! »
Une île flottante de circonstance en dessert et, après une bonne douche, au lit !

Dimanche 18 septembre 2011.

Départ de l’hôtel de Saint-André-les-Alpes à 03h30.
Tout est trempé. L’orage est toujours là, le ciel est parcouru d’éclairs…

Preuve de la violence des orages de ces dernières heures, la route est jonchée de pierres et de feuilles mortes. Mieux vaut être vigilant…

Dans le noir j’aperçois le feu arrière d’un vélo.
Je le rejoins rapidement. C’est Bernard Péguin, un phénomène qui a effectué une dizaine de BRM 1000 l’an dernier, dont celui d’Aufay où nous nous étions rencontrés pour la première fois.

Bernard à cassé sa roue avant du côté de La Motte Chalançon (Km 460), et a pu s’en faire prêter une autre par un vélociste à Nyons.
Mais la roue cassée était équipée d’un moyeu-dynamo chargé d’alimenter son phare avant… Avec sa roue de secours Bernard a pu continuer mais n’a plus que sa lampe frontale pour éclairer devant lui !
Le brouillard dû à la forte humidité ambiante de cette nuit font qu’il ne voit pas grand chose, d’autant que sa vue n’est déjà pas très bonne…

Je me mets devant et lui sert… d’éclaireur !

Nous allons encore nous faire tremper…
En arrivant à Ampus, dernier contrôle avant l’arrivée, nous sommes trois. Il tombe des trombes d’eau…
La boulangerie n’a pas de tampon. De toute façon une boisson chaude se fait espérer depuis un moment déjà.
Par chance le bistrot est ouvert et je peux accompagner mes croissants d’un grand café.

Je ne m’attarde pas. Il ne reste que 36 Km et j’ai hâte de prendre une bonne douche chaude et de me changer pour du propre et du sec !

C’est finalement à 09h30 que j’arrive à Carcès. Dans les délais certes, mais en ayant quelque peu raccourci le parcours !!! (754 Km au lieu de 1002…)
En clair : en 2010 j’ai respecté le trajet et cette année j’ai respecté le délai !
En 2012, je tacherai de respecter les deux !!!

L’accueil à l’arrivée à Carcès est à la hauteur de celui d’avant départ.
Sophie et des membres du club sont là, il y a de quoi petit-déjeuner.
Joseph et Ghislaine sont également présents.

J’apprends que Pascal Bride a été victime d’une chute dans la nuit : il a heurté un marcassin qui traversait la route !
Malgré une clavicule cassée il a réussi à finir et à valider son deuxième « 1000 du Sud » !
Pascal, et son pote Gilles (victime lui aussi d’une chute en ayant quitté la route pour éviter Pascal), sont à l’hôpital à Brignole.

Après m’être restauré je prend une bonne douche, enfile des vêtements propres, enfourne mes fringues trempées dans un sac poubelle, et charge mon vélo dans mon fourgon.

Alors que nous nous apprêtions à aller manger en ville, Serge arrive sur son vélo couché ! Il a un peu raccourci le trajet, il est hors délai mais il est radieux. Le seul vélo couché a avoir terminé un « 1000 du Sud » jusqu’ici…

Nous voilà donc un petit groupe, participants, organisateurs, bénévoles… à clore cette deuxième édition au restaurant à Carcès.
Le pire c’est… qu’il fait froid !!!

En repartant cet après-midi j’ai fait un petit détour pour rendre visite à Pascal et Gilles à l’hôpital de Brignole.
Gilles semble s’en être bien sorti (il a volé dans les buissons pour éviter Pascal).
Pascal est tout de même bien amoché. Une clavicule de cassée et un œdème géant particulièrement spectaculaire…
J’espère qu’il se remettra rapidement.

Cet accident improbable et cette météo bien maussade pour finir sont venus jeter une ambiance tristounette sur une épreuve pourtant formidable.

Une fois encore un grand MERCI à Sophie Matter, à l’Argens Cyclos Carcès et à la ville de Carcès pour l’organisation et l’accueil exceptionnel de cette deuxième édition du 1000 du Sud !!!

À l’année prochaine !

06 Oct2011
 

CYCLO TOURISME n° 606 - Octobre 2011

Le magazine de la FFCT, CYCLO TOURISME, dans son numéro 606 d’octobre, publie un article de quatre pages sur le Paris-Brest-Paris (p. 34 à 37).

Les deux premières pages sont plus particulièrement consacrées à des participants pour qui c’était la toute première fois.

PBP 2011 : Cyclo Tourisme pages 34-35 PBP 2011 : Cyclo Tourisme pages 36-37


(Cliquez sur les pages pour les agrandir)